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Page:Jaurès - Histoire socialiste, V.djvu/512

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partie à Coire ; la troisième, de 75 000 hommes, en Italie, entre le Tagliamento et l’Adige, sous le commandement provisoire de Kray (Idem, p. 543). Divers corps russes, en tout 30 000 hommes, étaient attendus. De plus, Russes et Anglais devaient agir de concert en Hollande et dans le royaume de Naples. Les coalisés prétendaient envahir le territoire même de la France et restaurer la monarchie. Contre ce terrible assaut, les troupes françaises avaient le double désavantage d’être inférieures en nombre à leurs adversaires et — par suite d’une fausse conception tactique encore en vogue — morcelées quand ils étaient concentrés. Les armées de Jourdan, de Bernadotte, de Masséna n’en reçurent pas moins du Directoire l’ordre de prendre l’offensive.

Jourdan devait, dès que son armée serait arrivée au Danube, occuper les sources de ce fleuve et du Neckar ; Masséna avait à se concerter avec lui pour envahir les Grisons, en même temps que Jourdan pénétrerait en Souabe ; l’armée d’observation, après s’être portée entre le Neckar et le Main, soutiendrait l’armée de Mayence, et les troupes de l’armée d’Italie stationnées dans la Valteline seconderaient l’armée d’Helvétie (Revue d’histoire rédigée à l’état-major de l’armée, décembre 1903, p. 537 et 583). Le 6 ventôse an VII (24 février 1799), l’armée de Mayence commençait à se concentrer en vue du passage du Rhin que Jourdan annonça à Masséna et à Bernadotte pour le 11 (1er mars). De son côté, l’archiduc Charles, suivant les prescriptions de l’empereur, en date du 23 février (Idem, p. 535), avait à couvrir la Souabe et la Franconie, et, en cas de victoire, à chasser les Français de la Suisse. Il avait reçu des renforts du 31 janvier au 19 février et décidait de franchir le Lech le 3 mars.

Dans la nuit du 11 au 12 ventôse (1er au 2 mars), Bernadotte passait le Rhin près de Spire ; une brigade se portait sur Mannheim dont elle s’emparait sans résistance ; un petit corps était laissé devant Philippsburg et le reste de l’armée s’avançait jusqu’à Heilbronn. Le 11 ventôse (1er mars) également, l’armée de Jourdan franchissait le Rhin à Bâle et à Kehl ; elle marchait vers Rottweil et Tuttlingen, et devenait l’armée du Danube. De son côté, l’armée de l’archiduc Charles traversait le Lech à Augsburg. Landsberg et Schongau, et se dirigeait vers Biberach et Ravensburg. Pendant que l’archiduc et Jourdan se rapprochaient lentement, les hostilités commençaient dans les Grisons : l’opération principale consistait à s’emparer du massif des Alpes centrales pour isoler les armées de l’archiduc et de Kray occupés de leur côté. Masséna, après avoir, le 15 (5 mars), rassemblé les troupes du centre de l’armée d’Helvétie, opérait, le lendemain, le passage du Rhin au-dessus et au-dessous de Coire, et obligeait Auffenberg, qui s’était replié sur les hauteurs de cette ville, à se rendre (17 ventôse-7 mars) avec 3 000 hommes. Au même moment, Oudinot, avec une brigade de l’aile gauche, passait le Rhin non loin de Vaduz et s’établissait sur la route de Feldkirch ; à la tête de la partie extrême de l’aile droite, Lecourbe quittait Bellinzona le 17 (7 mars).