Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/273

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que département un homme de confiance pour se concerter avec le préfet, recevoir de lui l’indication des lieux vers lesquels les blés doivent être dirigés, assurer la recette des ventes et la transmettre à Paris. Toutes les précautions que peut inspirer la prudence ont été prises pour concilier le bien du service avec la sûreté et la fidélité nécessaires dans ces opérations. Tel est l’état dans lequel nous sommes aujourd’hui par rapport aux subsistances. Je vous propose, citoyens consuls : 1° de suspendre tout achat de graines au dehors ; 2° d’autoriser le Trésor public à prêter quatre millions au ministre de l’Intérieur pour couvrir le citoyen Vanderbergh des engagements pressants qu’il a contractés ; 3° de l’autoriser à donner aux banquiers et aux citoyens Vanderbergh le produit de la vente des farines à mesure des rentrées. Signé : Chaptal ».

Le second document[1] édicte diverses mesures ; il se trouve sur une feuille volante et n’est pas daté, mais il se rapporte certainement à l’époque dont nous nous occupons.

Mesures à prendre pour le Midi. — Empêcher la sortie par Agde, Cette et le canal de Silvereux qui se jette dans le Rhône à deux lieues d’Arles, et laisser absolument libre la circulation par le Rhône des produits de la ci-devant Bourgogne et de la Beauce. Il s’en suivra que les accidents des départements de Haute-Garonne, de l’Aude et du Tarn se répartiront uniquement sur les départements plus au sud, en même temps que la ci devant Bourgogne et la Beauce satisfairont au surplus des besoins des mêmes départements et d’une portion de ceux de la Ligurie, si elle ne pouvait se pourvoir des pays barbaresques par le moyen des primes.

Mesures à prendre pour Paris. — Il faudrait ne rien laisser sortir de Rouen par mer ; alors les ressources des départements de l’Eure, de l’Oise, de Seine-et-Oise et Seine-et-Marne, les besoins de Rouen satisfaits reflueraient de toute nécessité sur Paris.

Mesures à prendre pour Bordeaux. — Il sera très difficile de procurer à Bordeaux des secours en grains de la Belgique, attendu que les neutres ne peuvent être expédiés de ce lieu qu’avec une destination simulée et qu’il est présumable que la cupidité du commerce, la mauvaise foi des capitaines et la surveillance des Anglais feraient que, sur quatre cargaisons, trois peut-être ne parviendraient pas à leur vraie destination. La ci-devant Beauce, les départements de l’Indre, du Cher, de la Nièvre, du Morbihan et des Deux-Sèvres, pourront indubitablement satisfaire à ses besoins.

Mesures générales. — Empêcher autant que possible les emmagasinements pour spéculation parce qu’ils ont le double inconvénient d’accélérer l’augmentation dans les prix et de produire la disette dans les marchés afin d’atteindre un gain sûr et illimité. Ces emmagasinements par spéculation sont d’autant plus à redouter que le commerce, ne trouvant pas, en général,

  1. Archives nationales, AFiv 1058.