Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/308

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tique où on n’aperçoive ou votre portrait ou votre chiffre ou votre nom et qui ne renferme une allusion à l’éclat de votre règne, à la gloire de votre nom… Tous attendaient, pour prix de leurs efforts et de leurs industries, de voir leurs ouvrages honorés d’un regard de Votre Majesté. Il leur en coûte tellement de renoncer à ce flatteur espoir que l’opinion se répand parmi eux que Votre Majesté qui n’a pas encore fait retentir la trompette guerrière reviendrait incessamment à Paris. Je laisse se prolonger cette exposition tant pour ménager cette opinion consolatrice que pour satisfaire la curiosité publique. Elle est telle qu’on peut dire que chaque jour un dixième de la population de Paris se met en mouvement pour aller voir l’exposition. Il faut huit jours pour en faire un examen attentif et détaillé… »

Le même ministre écrit le 19 octobre[1] : « Sire, l’exposition des produits de l’industrie finit aujourd’hui, elle a duré près d’un mois. Pour la quantité d’objets exposés elle a été décuple des expositions précédentes… J’ai distribué aujourd’hui les médailles adjugées par le jury[2]… Le nombre des prix et des mentions honorables obtenus dans ce jour se monte à près de 300… Ce nombre n’est pas un dixième de ceux qui avaient concouru. C’est surtout des départements que le concours a été le plus considérable. On a remarqué celui de la Roër comme possédant une industrie très précieuse, car il n’y a pas eu un genre de concours dans lequel ses fabricants ne soient entrés en lice. C’est dans les machines à filer le coton que notre industrie paraît avoir fait le plus de progrès ainsi que dans les tissus de cette matière. C’est dans la fabrique des aciers, des fils de fer et des aiguilles que ses progrès, presque inattendus, ont le plus étonné. Les casimirs, les tulles, les satins, les cuirs et maroquins, les cardes et les aluns ont aussi obtenu une amélioration sensible. Celle qui l’a été le plus, mais qui est le produit d’une industrie agricole, est celle des laines mérinos que bientôt on pourra compter parmi les produits ordinaires de notre agriculture. La bijouterie a soutenu sa supériorité ordinaire ; la quincaillerie s’est améliorée… »

Nous avons a plusieurs reprises traité de matières connexes à l’agriculture. Quelques autres indications sont cependant nécessaires. Les terrains de culture ont augmenté dans notre période, surtout à la fin, pour trois raisons principales : le défrichement des biens communaux[3], la destruction du gibier, les conquêtes[4]. Chaptal, dans le premier volume de son ouvrage De l’industrie française, donne des chiffres que reproduit M. Levasseur[5], mais ces chiffres qui naturellement débordent notre sujet, indiquent des moyennes très approximatives et c’est à notre ami Turot que doit incomber la tâche de les commenter dans l’exposé général de la situation agricole en 1815. Nous

  1. Archives nationales AFiv 1060.
  2. Présidé par Monge.
  3. La loi du 10 juin 1793 sur le partage des biens communaux fut abrogée le 9 ventôse an XII.
  4. Archives nationale F11 292 Mémoires sur la situation des cultivateurs de blé an XII ou XIII.
  5. O. C. 1. p. 438 et sqq.