Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/526

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nomie, la filature et le tissage du coton se sont grandement accrus : le nombre des broches dépasse un million et la production s’élève à près de 10 millions et demi de kilogrammes. On compte plus de 100 filatures mécaniques ; il y a 70 000 métiers à tisser, et le commerce du coton porte environ sur 190 millions de francs. À la fabrication des mouchoirs de coton, se sont ajoutées celles des nankins, crépons, basins, mousselines, percales, calicots, tulles, etc., etc. L’industrie de la laine occupe un grand nombre d’ouvriers. En 1812, Sedan emploie 18 000 ouvriers, 1 550 métiers et fabrique 37 000 pièces de drap. Carcassonne entretient 290 métiers, 9 000 ouvriers et fabrique 12 000 pièces. À Reims, près de 20 000 ouvriers, avec 6 265 métiers, fabriquent des châles, des voiles et des robes. Chaptal estime que l’industrie de la laine utilise 93 millions de francs de matière première, et crée en étoffes, bonneterie, couvertures, tapis, matelas, etc., une valeur totale de 200 millions.

Par contre, la fabrication du lin avait considérablement diminué, laissant la place aux toiles fines de coton. En 1812, Saint-Quentin employait à cette industrie 40 000 ouvriers. Dans le Dauphiné, 17 000 ouvriers travaillaient sur 3 000 métiers.

L’industrie de la soie est aussi en progrès, grâce à Gensoul, qui a imaginé le chauffage des bassines à la vapeur ; à Vaucanson, qui invente les machines à mouliner et à organsiner la soie ; à Jacquard et à Saillet, dont les machines opèrent la tire, autrefois confiée à des femmes et à des enfants ; le nouveau mécanisme accroît la rapidité du tissage, permet de multiplier les combinaisons du dessinateur, non seulement dans les modèles riches, mais dans les sortes à bon marché, et ouvre ainsi de nombreux débouchés à la soierie lyonnaise.

Lyon avait, en 1800, 5 800 tisserands occupés sur 3 500 métiers ; en 1812, il y a 15 500 tisserands et 10 700 métiers.

À Nîmes, qui comptait en 1800, 1 200 métiers manœuvrés par 3 450 ouvriers, il y a, en 1812, 5 000 métiers et 13 700 ouvriers. Dans le département de la Loire, on fabrique presque toute la rubannerie de soie, qui met en mouvement 8 000 métiers et 15 400 ouvriers.

À Lille, la fabrication de la toile de chanvre occupe 52 000 ouvriers en 1812, au lieu de 26 000 en 1800.

Quelques chiffres seulement montreront aussi l’extension de la métallurgie : la France comptait 230 hauts-fourneaux, dont la production était de 99 000 tonnes de fonte, fournissant 69 000 tonnes de fer marchand, alors qu’en 1787 la production de la fonte n’avait pas dépassé 61 000 tonnes.

La consommation de la houille avait passé de 25 000 tonnes à 929 000.

Tel est le brillant tableau que trace de la prospérité industrielle le rapport de Chaptal, document classique auquel se réfèrent la plupart des historiens. Nous avons pensé qu’il y aurait quelque intérêt à contrôler des assertions si uniformément optimistes, et nous avons trouvé aux Archives