Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/549

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Les premiers, au contraire, sont toujours prêts à la coalition, aux violences, au trouble. Il règne parmi eux un esprit d’insubordination qui appelle souvent l’attention de l’autorité. Si les charpentiers et les tailleurs de pierre s’insurgent, c’est avec calme. Les chapeliers, au contraire, y apportent la plus grande turbulence.

Rapport physique. — La vie sédentaire des cordonniers, leur attitude dans le travail, la vapeur infecte des grosses chandelles avec lesquelles ils s’éclairent, la chaleur de leurs poêles, l’exiguïté des lieux où ils travaillent les rendent sujets à une foule de maladies des organes internes et externes. Les causes de ces maladies sont encore aggravées par leur profonde misère, leur excessive malpropreté et le passage fréquent des privations extrêmes à la débauche la plus crapuleuse. La phtisie pulmonaire, les obstructions, l’hydropisie de poitrine en moissonnent le plus grand nombre avant 45 ans ; un vieil ouvrier cotonnier est une rareté.

Les tailleurs sont, comme les cordonniers, sujets aux maladies que causent la vie sédentaire et une position gênée, mais ils gagnent davantage, vivent mieux, sont beaucoup plus propres et beaucoup moins crapuleux que les cordonniers.

La maladie vénérienne et ses suites exercent des ravages avec fureur parmi les garçons cordonniers ; il est peu d’ouvriers qui s’y exposent avec autant d’imprudence ; ses effets ne sont contrebalancés que par le repos qu’exige leur travail.

Les fabricants de bas ont aussi un genre de travail sédentaire ; mais ils n’ont point d’attitude forcée ; ils sont moins sujets aux maladies auxquelles elle donne lieu.

Depuis que l’usage de la poudre s’est beaucoup perdu, les perruquiers sont moins exposés à avoir les organes de la respiration affectés par sa volatilisation, mais, en revanche, la débauche en perd un grand nombre.

Des affections nerveuses, des tremblements sont le partage ordinaire des parfumeurs, même à un âge peu avancé.

Les autres espèces de cet ordre ne présentent rien de remarquable.

Rapport moral. — Presque toujours l’extrême misère, les privations habituelles sont accompagnées de l’ivrognerie ; il n’est point de classe d’ouvriers qui s’y livre plus crapuleusement que les cordonniers. Le penchant au vol est encore une suite de leur état misérable, il est commun parmi eux ; en général leur moral est mauvais sous tous les rapports.

Les bottiers sortent de cette catégorie, mais ils sont au plus haut degré querelleurs.

Les tailleurs, en général ont les mœurs douces ; il faut en excepter ceux originaires du département de l’Ourthe, de Jemmappe et de l’ancienne Flan-