Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/582

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« Ne soyons donc pas surpris si, malgré les peines et les travaux des agronomes instruits répandus aujourd’hui sur toutes les parties de l’arrondissement de Boulogne, les progrès successifs de l’agriculture et les améliorations qui y ont eu lieu dans ses diverses branches sont restés peut-être en arrière de ce qu’ils auraient été dans d’autres circonstances. Avant d’entrer dans le détail de ces améliorations, nous avons cru devoir présenter dans un cadre resserré les divers obstacles périodiquement opposés, pendant plus de quarante ans, à l’industrie agricole de ce pays, afin de mettre les observateurs en état d’apprécier le mérite des perfectionnements que l’on remarque dans presque toutes les parties de l’agriculture et de l’économie rurale de l’arrondissement de Boulogne. »

Ces perfectionnements, ils consistent, là comme partout ailleurs, dans la création de nombreuses prairies artificielles permettant l’élevage des bestiaux, dans une méthode meilleure des assolements, dans l’usage de plus en plus généralisé des engrais.

Sur ce dernier point, nous pouvons constater que la Société d’Agriculture fit de louables efforts pour vaincre la routine des cultivateurs et leur faire adopter les méthodes nouvelles.

En 1808, la Société ouvre un concours sur l’abolition des jachères et prépare deux prix pour « les deux cultivateurs qui, par l’assolement le meilleur et le mieux approprié à la nature de leur terrain, et surtout par l’introduction des prairies artificielles, des racines et des plantes légumineuses, seraient parvenus à supprimer entièrement les jachères de leur exploitation, dans un pays où l’usage des jachères existait avant eux, et sur un domaine de cinquante hectares au moins ».

Dans un autre mémoire publié par la Société, nous retenons la déclaration suivante :

« La multiplication des engrais est évidemment un des plus grands moyens d’amélioration de la culture ; l’art de les augmenter devrait donc être connu de tous les cultivateurs et pratiqué par eux.

« La nature a favorisé la France d’un assez grand nombre de substances végétales et minérales dont les propriétés fertilisantes sont reconnues depuis longtemps mais dont l’usage est presque restreint dans les localités où elles ont été découvertes.

« La marne, le plâtre, la chaux ; les cendres de bois, de tourbe et de houille ; les terres, les tangues, les varechs, même le sel ; l’enfouissement de certains végétaux ; tous ces engrais ou amendements ne sont employés que dans certains cantons, et les uns ou les autres pourraient être adoptés avec les mêmes avantages dans les localité analogues. »

« Le but de ce concours était donc d’exciter l’introduction de ces différents moyens de suppléer ou d’augmenter les effets des fumiers dans tous les