Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/588

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pagation d’une exploitation qui les intéressait, et pour laquelle le gouvernement avait adopté des mesures de prospérité que les circonstances n’ont pu assez favoriser.

« Tout ce qu’il était possible de faire pour l’introduction de la culture du coton en France a été employé. Des anciens Maltais réfugiés, qui avaient l’habitude de cette culture et avaient choisi la France pour leur nouvelle patrie qui leur offrait des moyens d’existence, ont trouvé dans ce travail une occasion de faire valoir leur industrie particulière.

« Mais il paraît démontré que la culture du coton est sujette à beaucoup d’inconvénients, et pour la réussite certaine de laquelle il faut une continuation de chaleur pendant sept mois consécutifs, sans quoi on ne peut compter sur des résultats heureux, où la fréquence des intempéries, les gelées tardives et l’anticipation des hivers, trop communes dans tout l’empire, sont autant de causes de destruction qui ruinent les espérances des cultivateurs.

« Deux écoles ou établissements d’instruction ont été formés dans le département des Bouches-du-Rhône et dans celui des Pyrénées-Orientales. Dans ce dernier, on a réussi depuis quelques années à obtenir quelques succès, et il est probable que la récolte de 1813, dont on n’aura des résultats certains que dans les premiers mois de 1814, pourra procurer quelques avantages. Dans le département des Bouches-du-Rhône, quelques soins qu’ait pris le sieur Passali, agent pour cette culture, il n’a pu que reconnaître et déterminer quelles étaient les meilleures espèces, donner des instructions utiles aux cultivateurs, diriger le zèle des amateurs de cette culture et obtenir quelques faibles récoltes. Dans presque tous les autres départements où l’on a suivi cette exploitation, à raison des peines et des sacrifices attachés à cette culture et des résultats malheureux, on s’est déterminé à renoncer à un genre d’exploitation qui n’offre pas un dédommagement suffisant.

« On avait conçu l’espérance que les environs de Rome deviendraient une espèce de colonie propre à rassembler tous les moyens de donner à la culture du coton une extension très favorable. Une récolte abondante avait fait croire que cette culture pouvait être considérée comme parfaitement établie, et pour longtemps, dans un terrain qui lui semblait si propre ; mais l’année qui suivit cette récolte si abondante fut une année de stérilité, une sécheresse de plusieurs mois brûla tous les plants et, depuis ce moment, le dégoût fit abandonner la culture, non seulement dans les environs de Rome, mais encore dans le département de Trasimène. Le gouvernement a cependant tout fait pour vaincre les difficultés : secours, distribution de graines, primes d’encouragement, tout a été mis en usage, et il ne faut guère espérer de succès que lorsque le retour de saisons plus favorables aura ranimé l’espoir des cultivateurs.

« Au surplus, cette variation de température a existé et se maintient