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AVANT-PROPOS

Qu’on ne s’étonne pas que la partie de l’Histoire Socialiste qui va suivre n’ait pas les mêmes proportions que la part qui a été consacrée, en cinq volumes, à la Révolution française, de la Constituante au Consulat. C’est que la Révolution est la source ample et profonde d’où dérivent les événements ; et le seul moyen de comprendre toute l’évolution du siècle, c’est de soumettre à une analyse presque minutieuse le bouillonnement des idées et des forces qui jaillissent du sol remué par la Révolution. L’essentiel est que dans la suite de l’œuvre la même préoccupation dominante se marque, qui est de faire apparaître toute la valeur des phénomènes économiques. Il ne s’agit pas de les abstraire, de couper l’histoire en deux, événements politiques d’un côté, événements économiques de l’autre, mais de démêler l’action réciproque des intérêts économiques et des combinaisons politiques.

L’œuvre était particulièrement malaisée et méritoire pour cette période du Premier Empire où il semble que toute la Révolution ait pris je ne sais quelle forme de théâtre un peu retentissante et vide. Je remercie mes collaborateurs Brousse et Turot de leur effort en ce sens.

J’ai déjà dit, quand ont paru les livraisons, que Brousse, empêché par la maladie, n’aurait pu suffire à sa part de travail sans le concours de M. Louis Noguères. À vrai dire, la collaboration de celui-ci a été si étendue et prépondérante qu’il y aurait injustice à ne pas y insister. Il a su condenser le récit des faits en quelques chapitres vigoureux et pleins et sur plus d’un point ajouter par des recherches originales à ce que nous savions sur cette période. Au nom de tous mes collaborateurs, je l’en remercie une fois de plus.

Jean Jaurès.