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Page:Jaurès - Histoire socialiste, VII.djvu/155

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TROISIÈME PARTIE


DE LA MORT DU DUC DE BERRY À LA MORT DE LOUIS XVIII


(Du 15 février 1820 au 13 septembre 1824)
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CHAPITRE IX


LE SECOND MINISTÈRE DE M. DE RICHELIEU


Le nouveau ministère. — Lois suspendant la liberté individuelle. — La censure rétablie pour la presse. — Violents débats à la Chambre. — Attitude courageuse des libéraux. — La nouvelle loi électorale restitue à la grande propriété la force politique. — Débats à la Chambre. — Violentes manifestations au dehors. — Désintéressement de la classe ouvrière. — La loi du double vote votée. — Condamnation de Louvel. — Naissance du duc de Bordeaux. — Les conspirations militaires du 19 août. — Les élections. — Succès des ultras. — MM. Laine, Corbière, Villèle, ministres sans portefeuille. — Insurrection de Naples. — Réunion, à Troppau, des puissances. — Ouverture de la session 1820-1821.


Avant de quitter le roi, M. Decazes lui avait indiqué M. de Richelieu comme le seul homme capable de prendre, dans de telles conjonctures, la responsabilité du pouvoir. M. de Richelieu pouvait, par sa loyauté, donner des gages personnels aux libéraux et, par son nom, son passé, l’éclat encore visible de ses services extérieurs, résister aux entraînements extrêmes. On le pensait du moins. M. de Richelieu hésita longtemps, et, sur l’assurance verbale que lui donna le comte d’Artois que le parti royaliste tout entier le soutiendrait, il prit la direction du pouvoir, président du Conseil sans portefeuille, afin de ne priver personne : le ministère ne fut pas modifié.

Ainsi c’était le ministère qui avait, sauf trois exceptions, inauguré en France, avec M. Decazes, la politique libérale, avait maintenu la loi électorale et le projet de loi sur la presse, qui était solidaire de son chef, c’était ce ministère qui allait demeurer aux affaires pour immoler son œuvre jour par jour. La droite, ou du moins cette partie de la droite que gouvernait du dehors la congrégation, que conduisait au dedans la très réelle habileté de MM. de Villèle et Corbière, n’en parut pas affectée. On lui livrait les ministres et elle sentait bien qu’affaiblis par les humiliations qui leur devaient venir de leur attitude contradictoire, irrités chaque jour davantage par les sarcasmes de leurs anciens amis les libéraux, ces ministres leur