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pour les ressorts de wagons. Bientôt après, on se décida à l’employer pour les rails.

Dans les mines, les procédés d’extraction s’étaient remarquablement perfectionnés : et les rapporteurs de 1855 pouvaient noter tout le détail du mécanisme nouveau des puits et des wagons.

Dans le textile, mêmes progrès, même révolution : les peigneuses Heil-mann et Hùbner accélèrent la préparation du coton et de la laine ; à partir de 1860, d’autre part, les métiers renvideurs empruntés à l’Angleterre, achevaient de transformer nos filatures.

Malgré la crise de la guerre de sécession, de 1848 à 1869, l’industrie du coton doublait son chiffre de consommation de matière première. En 1869, elle en consommait annuellement pour 120 millions de kilos. Et d’autre part, la crise cotonnière surexcitait à partir de 1861 l’industrie de la laine et celle du lin.

L’industrie des produits chimiques faisait de son côté des progrès inouïs. Des inventions successives mettaient à la portée de l’industrie les produits de laboratoire : en 1840, le sodium valait 7.000 francs le kilo ; en 1870, il valait 6 francs ; dans le même temps, le prix du sulfure de carbone passait de 200 à 1 franc. Et cependant, de 1847 à 1865, la valeur de la production totale de cette industrie décuplait.

En 1856, la découverte des couleurs d’aniline par Perkins révolutionnait l’industrie de la teinture.

L’industrie du papier subissait des transformations analogues ; en 1852, apparaissait la pâte de paille ; en 1867, la pâte de bois. Et les prix baissaient énormément.

Enfin l’industrie du sucre, pourvue en 1850 de l’hydro-extracteur, et quelques années plus tard du traitement par la chaux, quadruplait sa production de 1858 à 1870.

Mais ce qui éclate surtout, c’est le nombre inouï des transformations mécaniques. Soit en 1855, soit en 1867, les rapporteurs des expositions attestent combien de métiers le machinisme vient alors révolutionner. En 1855, ce sont les machines à scier et à débiter le bois, les machines à ouvrer et travailler les bois débités ; ce sont les procédés mécaniques employés dans le bâtiment. En 1867, Michel Chevalier, dans son rapport général, signale la découverte du métier à tricoter, qui assure à la production un accroissement de 1 à 6.000, « une femme habile à faire le tricot faisant à la main 80 mailles par minutes, et pouvant en faire 480.000 avec le métier circulaire ». Le rapporteur indique de même la révolution qui s’accomplit dans la serrurerie, où désormais les clous de tout échantillon se font à la machine, puis dans la menuiserie, dans tout le bâtiment. « On façonne mécaniquement la charpente, et on taille mécaniquement les pierres. Une machine pétrit le mortier ; une autre élève les pierres ou les briques, en remplaçant pour les maçons, l’apprenti qu’ils appelaient l’oiseau. On fabrique à la mécanique des chalets tout entiers en pièces numérotées pour être expédiées par les chemins