rien des motifs de cette résolution, Blanqui leur ordonna de cesser l’attaque. Ces délégués n’y consentirent pas (Geffroy, p. 200. Il y eut un violent désaccord, et c’est pour le faire cesser que tous les commettants étudiants et ouvriers, avaient été convoqués, au café de la Renaissance, à la séance solennelle du compte-rendu (7 novembre 66).
À cette réunion, Protot persista dans la première attitude ; Tridon soutint le nouvel avis de Blanqui. A la fin de la séance, la police survint ; tous les assistants furent arrêtés, en tout 42. Protot seul avait pu échapper. En janvier 1867, ils furent tous condamnés, pour délit de société secrète. La liste des abonnés du Candide était devenue,pour les juges, la liste des membres de la société. On avait oublié pour la circonstance que M. de Rotschild était abonné. Mais le vrai motif de l’arrestation et de l’accusation, était que les étudiants fréquentaient les ouvriers. La police avait soigneusement relevé le nombre de leurs réunions clandestines et dont le siège errait à travers les faubourgs. Ses agents provocateurs pouvaient dire comme les étudiants savaient convaincre et corrompre.
Tous ces événements n’étaient point de nature à faciliter la propagande de l’Internationale. Un certain nombre de journaux, le Temps avec Brisson, la Liberté avec Pessard, avaient parlé sympathiquement du Congrès de Genève. D’une manière générale, le retentissement avait été plus grand qu’on ne l’espérait. Mais ces articles passagers ne suffisaient pas à rallier le monde ouvrier. Les révolutionnaires audacieux qui pouvaient attirer les minorités énergiques, continuaient de décrier les Internationaux ou même les accusaient d’avoir dénoncé à la police la réunion de la Renaissance ; et les ouvriers timides, quoique soucieux d’améliorer leur sort par une action méthodique, s’inquiétaient de la situation incertaine de l’Internationale, tolérée toujours, mais déjà tracassée par le gouvernement. Sa Tribune ouvrière, on s’en souvient, avait été supprimée dès le 4e numéro. Au retour de Genève, le gouvernement français avait saisi les papiers des délégués anglais, et il avait fallu l’intervention de l’ambassadeur anglais à Paris, pour les leur faire rendre. Enfin, le Mémoire des délégués parisiens,imprimé à l’étranger, n’avait pu entrer en France, parce qu’ils s’étaient totalement refusés à y introduire un mot de remercîment à l’Empereur, pour sa bienveillance envers la classe ouvrière ! Le régime de tolérance, sous lequel vivait l’Association, était, on le voit, précaire. Mais c’était d’autre part avec une impatience indignée que quelques-uns comme Varlin subissaient ces entraves.
Patiemment, cependant, ils s’étaient remis à l’étude et les projets allaient leur train : projet de comptoir d’échange — auquel il fallait bientôt renoncer, vu le peu de membres dont on disposait ; — projet de crédit mutuel pour mettre successivement des groupes professionnels en possession de leurs outils de travail et réaliser ainsi l’émancipation du prolétariat ; projet de « tour d’Europe » pour l’enseignement professionnel ; projet d’assurance mutuelle, pour la naissance de l’enfant ouvrier, pour son