Page:Jaurès - Histoire socialiste, XI.djvu/442

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d’heure à peine. Cela se marque aussi aux votes à quasi-égalité entre partisans et adversaires qui furent rendus dans ces séances, et plus encore, aux réserves expresses qui suivirent de la part de la minorité dans les rangs de laquelle on rencontrait des hommes comme Tridon, et aussi des membres de la majorité comme Vaillant.

Ce dernier dépeignait au vrai la situation, quand motivant son vote, ainsi que la plupart le tirent à cette occasion, il disait : « Je ne partage pas l’illusion de l’Assemblée qui croit avoir fondé un Comité politique directeur, un Comité de salut public, alors qu’elle ne fait que renouveler avec une étiquette nouvelle sa Commission exécutive des premiers jours. Si l’Assemblée voulait avoir un réel Comité exécutif pouvant vraiment prendre la direction de la situation, parer aux éventualités politiques, elle devrait commencer par se réformer elle-même, cesser d’être un petit parlement bavard, brisant le lendemain, aux hasards de sa fantaisie, ce qu’il a créé la veille et se jetant au travers de toutes les décisions de sa Commission exécutive. La Commune ne devrait être qu’une réunion de Commissions se réunissant pour discuter les résolutions, les rapports présentés par chaque Commission, écoutant le rapport politique de son Comité exécutif, et jugeant si ce Comité remplit son devoir, s’il sait donner l’unité d’impulsion, de direction, s’il a l’énergie, la capacité nécessaires pour le bien de la Commune. En un mot, il faut organiser la Commune et son action, faire de l’action, de la révolution et non de l’agitation, du pastiche. »

En définitive, la proposition de Miot, que Félix Pyat, Regère, Urbain, Vesinier et quelques autres de même farine avaient seuls nettement appuyée, fut votée par 45 voix contre 23. L’appelation « Comité de Salut Public » n’avait réuni que 34 voix contre 28 données à l’appelation de Comité Exécutif[1]. La majorité était évidemment trop faible pour communiquer au nouvel organisme la force et le crédit indispensables à son fonctionnement. Trop insuffisants aussi les arguments apportés en faveur de sa création. Jules Miot, l’instiga-

  1. Voici le texte du décret : « Vu la gravité des circonstances et la nécessité de prendre promptement les mesures les plus radicales et les plus énergiques, la Commune décrète :
    « Article premier. — Le Comité de Salut Public sera immédiatement organisé.
    « Art. 2. — Il sera composé de cinq membres nommés par la Commune au scrutin individuel.
    « Art. 3. — Les pouvoirs les plus étendus sur toutes les Commissions sont donnés à ce Comité qui ne sera responsable qu’à la Commune. »
    Le scrutin sur l’article premier du projet avait donné le résultat suivant :
    Pour la formation d’un Comité de Salut Public : Amouroux, Ant, Arnaud, Bergeret, Billioray, Blanchel, Champy, Chardon, E. Clément, J.-B. Clément, Demay, Dupont, Durand, Ferré, Fortuné (Henry), Gambon, Geresme, Groussel, Johannard, Ledroit, Lonclas, L. Meillet, Miot, Oudet, Parisel, Pillol, Philippe, F. Pyat, ranvier, Régère, Rigault, Trinquet, Urbain, Vesinier, Viard, Verdure ; soit 34 voix.
    Pour la formation d’un Comité Exécutif : Andrieu, Art. Arnould, Avrial, Allix, Babick, Beslay, Clémence, V. Clément, Courbet, Franckel, Gérardin, Jourde, Langevin, Lefrançais, Longuet, Ostyn, Pindy, Pottier, Rastoul, Serrailler, Sicard, Tridon, Theisz, Vaillant, Vallès, Varlin, Vermorel ; soit 28 voix.