Page:Jaurès - Histoire socialiste, XII.djvu/285

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perdant chaque jour du terrain dans l’opinion publique, sauf à Paris où l’année suivante elle devait remporter de signalées victoires électorales et faire pencher à droite la majorité du Conseil municipal.

Tandis que se déroulait le procès de Rennes, le Gouvernement, présidé par M. Waldeck-Rousseau, mettait à exécution la partie de la déclaration ministérielle dans laquelle il affirmait son ferme dessein de prendre toutes les mesures nécessitées par la défense des institutions républicaines et par le maintien de l’ordre public plus que jamais troublé depuis l’ouverture des débats. Il était certain que toute l’agitation était conduite et soldée par les agents les plus actifs des partis réacteurs qui n’attaquaient plus ouvertement la République, mais accusaient les républicains de corruption, de trahison, et se proclamaient les seuls, les vrais défenseurs de l’armée outragée, de la Patrie livrée à l’étranger.

Quoique la grande majorité du pays résistât aux calomnies, parfois aux menaces, le danger était évident, il importait de le conjurer. Le 12 août 1899, des arrestations assez, nombreuses étaient opérées, entre autres celles de MM. Paul Déroulède, André Buffet, de Sabran-Pontevès, de Ramet, etc., et des perquisitions étaient pratiquées au siège du Comité royaliste, à la Ligue des Patriotes et chez des personnalités en vue parmi les chefs du mouvement nationaliste.

C’est dans les termes suivants qu’en une note officieuse, l’Agence Havas annonça les mesures qui venaient d’être prises :

« Un certain nombre d’arrestations ont été opérées ce matin à la suite d’une instruction ouverte en vertu de l’article 89 du Code pénal, complot formé dans le but de changer la forme du Gouvernement.

« Les inculpés appartiennent aux groupes de la Jeunesse royaliste, de la Ligue des patriotes et de la Ligue antisémite.

« Lors du procès relatif à l’attentat de la caserne de Reuilly, les faits se rattachant à cet épisode furent seuls retenus par le réquisitoire ; mais les perquisitions faites dès ce moment et les pièces saisies permirent plus tard de reconstituer l’organisation, dès juillet 1898, d’un complot ayant pour but de s’emparer par un coup de force du gouvernement.

« Des dépêches qui furent retrouvées ne laissent aucun doute ni sur l’existence du complot, ni sur ses principaux acteurs.

« Une surveillance très active fut organisée, et on acquit la preuve que les mêmes groupes préparaient une nouvelle tentative à brève échéance, exigeant, pour prévenir de nouveaux désordres, des mesures immédiates. »

D’autre part, il était avéré, les preuves avaient été rassemblées après la mort de M. Félix Faure, que tout avait été préparé pour un coup de main, que, dans ce but, le duc d’Orléans avait quitté Palerme pour venir à Bruxelles, mais que le complot découvert avait avorté.

Enfin, M. Jules Guérin, un des hommes d’action réputés les plus énergi-