Dreyfus mêlant son écriture spontanée à son écriture décalquée, Dreyfus saupoudrant de différences caractéristiques, la ressemblance générale d’écriture, et poussant la rouerie jusqu’à « combiner dans le style la concision et la prolixité », Dreyfus, enfin décalquant l’écriture de son frère, oui, dans ce miroir magique, Bertillon et du Paty de Clam n’avaient vu, sans y prendre garde, que leur propre image, le reflet trouble de leur prétentieuse sottise ou de leur ténébreuse perversité.
Mais enfin, puisque ce prétendu emprunt d’écriture à Mathieu Dreyfus, si absurde qu’il soit, était affirmé par Bertillon et du Paty de Clam, puisqu’ils expliquaient par là une partie au moins des différences qui séparent l’écriture. du bordereau de l’écriture propre de Dreyfus ; pourquoi n’y a-t-il pas eu là-dessus une enquête ? Pourquoi Mathieu Dreyfus n’a-t-il même pas été interrogé ?
La question pourtant en valait la peine. On n’a contre un homme que quelques lignes d’écritures non signées, et qu’il affirme n’être point de lui. Entre ce morceau incriminé et l’écriture habituelle de cet homme, il y a des différences notables. Grande difficulté, à coup sûr, pour des informateurs sérieux !
Or, voici que deux enquêteurs suggèrent une hypothèse qui expliquerait au moins en partie ces différences et qui fournirait un élément de conviction. Pourquoi n’a-t-on pas soumis à un examen en forme cette hypothèse ? Pourquoi les experts n’ont-ils pas été chargés, officiellement, de comparer l’écriture de Mathieu Dreyfus à celle du bordereau ?
Si l’accusation ne prenait pas au sérieux cette hypothèse précise de M. Bertillon, partie essentielle de son système et application notable de sa méthode, pourquoi a-t-elle pris au sérieux, en bloc, le système de M. Bertillon et ses conclusions ?
Si, au contraire, elle prenait au sérieux cette hypothèse précise et si grave pour Dreyfus, pourquoi ne l’a-t-elle