Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a la valeur d’un original. Et après avoir résumé des constatations, il conclut en ces termes si décisifs :

« Pour moi, la similitude est absolument complète entre l’écriture du bordereau et l’écriture du commandant Esterhazy. Je dirai même que si un savant, un érudit, trouvant un volume de la Bibliothèque nationale, dans un de ces volumes que nous consultons si souvent, accolé à des lettres du commandant Esterhazy, l’original du bordereau, il serait pour ainsi dire disqualifié, s’il ne disait pas que le bordereau et la lettre sont de la même écriture, sont de la même main, ont été écrits par le même personnage. »

L’étude de M. Frank, très poussée dans le détail, est d’une précision admirable et je renvoie à sa déposition (tome I, page 519), ceux qui pourraient avoir le moindre doute.


IV

M. Louis Havet, professeur au Collège de France, dit ceci :

Dans l’écriture, je suis arrivé tout de suite et sans faire de recherches dignes de ce nom, simplement par l’évidence, par le saisissement des yeux, à une conviction pour moi tout à fait certaine. C’est à l’écriture du commandant Esterhazy ; ce n’est pas l’écriture du capitaine Dreyfus ; cela me paraît sauter aux yeux avant même qu’on ait commencé à analyser l’écriture.

Et M. Havet démontre ensuite par les considérations les plus variées et les plus précises, qu’il n’y a pas eu décalque. C’est de la main d’Esterhazy comme de son écriture.

Comment est-il possible d’imaginer un homme qui, pour dissimuler sa personnalité, emprunte l’écriture d’autrui et qui se donne le mal prodigieux qu’il faudrait se donner pour calquer, non pas des mots, mais des lettres, en prenant à