Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/18

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de savoir si l’État-Major persiste dans cette manœuvre. Il est si répugnant d’engager une discussion sérieuse avec les organisateurs d’un guet-apens, que nous ajournons la nouvelle discussion de fond que nous pourrions produire.

Il nous serait aisé de démontrer par les paroles mêmes de M. Lauth la fausseté de plusieurs parties de son témoignage et l’authenticité du petit bleu. Mais il nous plaît d’attendre que l’État-Major produise les nouvelles pièces fausses qu’il a sans doute fabriquées pour cette tentative suprême.

À cette heure, il nous suffit d’avertir une fois de plus les citoyens pour qu’ils ne permettent pas que le colonel Picquart soit jugé dans l’ombre. Qu’on l’accuse en plein jour ; nous ne demandons pas autre chose et nous avons la certitude que l’infamie de ses accusateurs éclatera. Plus de huis clos ! Voilà le mot d’ordre des républicains, des honnêtes gens. Que ce soit notre cri de guerre ! Et par la seule force de la lumière, nous vaincrons. Et notre grande France généreuse, faisant face une fois de plus aux puissances de réaction et de ténèbres, aura bien mérité du genre humain.

Jean Jaurès.

Le 29 septembre 1898.