Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/193

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par leur concordance même, pèsent sur l’esprit d’une façon décisive.

Je ferai passer sous les yeux de la Chambre seulement trois pièces de ces correspondances.

Les deux premières sont échangées entre les correspondants dont je viens de parler et font allusion à une personne dont le nom est désigné par l’initiale D….

Voici la première de ces pièces qui a reçu, lorsqu’elle est parvenue au service des renseignements, l’indication suivante, mars 1894 : « Hier au soir, j’ai fini par faire appeler le médecin, qui m’a défendu de sortir ; ne pouvant aller chez vous demain, je vous prie de venir chez moi dans la matinée, car D… m’a porté beaucoup de choses intéressantes et il faut partager le travail, ayant seulement dix jours de temps. »

La seconde de ces pièces porte la date du 10 avril 1894. En voici le texte : « Je regrette bien de ne pas vous avoir vu avant mon départ. Du reste je serai de retour dans 8 jours. Ci-joint 12 plans directeurs de… (ici figure le nom d’une de nos places fortes) que ce canaille de D… m’a donnés pour vous. Je lui ai dit que vous n’aviez pas l’intention de reprendre les relations. Il prétend qu’il y a eu un malentendu et qu’il ferait tout son possible pour vous satisfaire. Il dit qu’il s’était entêté et que vous ne lui en voulez pas. Je lui ai répondu qu’il était fou et que je ne croyais pas que vous voulez reprendre les relations. Faites ce que vous voudrez. »

Bien qu’il soit certain à nos yeux, par l’ensemble des présomptions concordantes dont je parlais tout à l’heure, que c’est de Dreyfus qu’il s’agit ici, si l’on veut admettre qu’il subsiste un certain doute dans l’esprit de ce fait que le nom n’est désigné que par une initiale, j’ai fait passer sous les yeux de la Chambre une autre pièce où le nom de Dreyfus figure en toutes lettres. (Mouvements)

Au moment où fut déposée l’interpellation de M. Castelin, aux mois d’octobre et de novembre 1896, les correspondants en question s’inquiétèrent pour des raisons qui sont indiquées fort clairement dans les lettres que j’ai eues sous les yeux et alors l’un d’entre eux écrivit la lettre dont voici le texte : « J’ai lu qu’un député interpelle sur Dreyfus. Si… (ici un membre de phrase que je ne puis lire), je dirai que jamais j’avais des relations avec ce juif. C’est entendu. Si on vous