Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/222

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dont le colonel Picquart avait démontré la trahison et aux officiers comme du Paty de Clam qui avaient machiné l’abominable condamnation de Dreyfus.

Ce faux, commis pour sauver Esterhazy, du Paty de Clam et les autres officiers compromis, a été certainement commis par eux, ou sur leurs indications.

Or, il était facile à Esterhazy de connaître les habitudes de travail des attachés militaires, puisque, comme le démontrent le bordereau et le petit bleu, il leur servait d’espion. Esterhazy, par cela même qu’il était le véritable traître, était tout à fait en situation de fabriquer « du Schwarzkoppen » et du « Panizzardi ».

Quant à du Paty et aux autres officiers, comment n’auraient-ils pas connu les habitudes d’écrire des attachés ? Vous dites, monsieur le ministre, qu’on avait, de la même personne et de la même main, une lettre de 1894, écrite du même crayon bleu et sur un même papier, et que cette lettre n’avait pas quitté le ministère depuis 1894. Vous voulez nous démontrer par là que cette lettre, soigneusement tenue sous clef, n’avait pu servir de modèle au faussaire, et qu’ainsi le billet ne peut être un faux. Oh ! comme vous allez vite !

Mais, d’abord, que deviennent « les mille pièces de correspondance » qu’on a saisies, en original, pendant six ans, entre les attachés militaires ? C’est vous qui nous en avez parlé : qu’en faites-vous maintenant ?

Mettons qu’il y en ait la moitié de M. de Schwarzkoppen, la moitié de M. Panizzardi. Cela fait cinq cents pièces pour chacun et les documents abondent qui permettent de connaître le crayon et le papier dont se servent ces messieurs.

J’avoue humblement que je ne comprends pas comment le billet de 1896 où est mentionné Dreyfus ne ressemble qu’à une seule autre pièce, sur les mille qui ont été saisies. Mais, même s’il était vrai qu’une seule pièce