Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/256

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Il affirme sous serment devant le juge et publiquement dans un journal que du Paty de Clam a participé à la confection des pièces fausses et on ne le poursuit pas pour faux témoignage !

Et du Paty de Clam restant, malgré les décisions secrètes des juges, sous le coup de cette accusation publique, ne le traduit pas en justice pour laver son honneur !

Quoi ! un officier est un accusé devant toute l’armée, devant tout le pays, d’avoir, de concert avec Esterhazy le traître, fabriqué des faux pour perdre un autre officier ! Et personne ne s’émeut !

C’est l’aveu le plus éclatant, le plus décisif de la culpabilité de du Paty de Clam. Oui, c’est lui qui avec Esterhazy est le faussaire !

Et quand on pense que l’homme qui s’est dégradé à ces besognes est le principal inspirateur et directeur des poursuites contre Dreyfus, quand on pense aussi qu’il est le conseiller intime de M. Cavaignac, les conséquences vont loin.

Et ce n’est pas tout ; de même qu’au moment des poursuites contre Dreyfus, les bureaux de la guerre se sont servis de la Libre Parole pour ameuter la foule en lui jetant le nom de l’officier juif et pour rendre la condamnation inévitable, de même que dès le 29 octobre 1894, violant le secret de l’instruction, ils renseignaient la Libre Parole pour forcer la main du ministre et mettre en branle les passions antisémites, de même maintenant, en novembre 1897, quand il faut par des pièces fausses perdre Picquart et maintenir au bagne Dreyfus innocent, les bureaux de la guerre sont en communication affectueuse avec la Libre Parole.

Esterhazy et du Paty de Clam lui portent directement les faux télégrammes adressés au colonel Picquart et, pour le perdre plus vite, elle les publie avant qu’elle ait pu en avoir connaissance en Tunisie.

En effet, la Libre Parole des 15, 16 et 17 novem