Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/260

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colonel Henry et elle n’est jamais sortie des bureaux de la guerre où elle est née. Donc la réponse prétendue du correspondant est également un faux.

Et enfin la troisième lettre dont parle M. Cavaignac et qui donne, selon lui, le chef des deux premières est fausse.

Ainsi, ce n’est pas un faux qui est à la charge du colonel Henry, mais au moins trois faux ; je dis au moins, car il semble résulter du langage de M. Cavaignac qu’il peut y en avoir d’autres.

Il dit en effet que la pièce citée par lui, celle où est nommé Dreyfus et qui a été fabriquée par Henry, « s’encadre dans une longue correspondance » des attachés militaires. Et c’était même là pour lui un signe d’authenticité morale.

Or, ou M. Cavaignac parle le langage le plus inexact, ou en disant que cette pièce est « encadrée » dans une longue correspondance il veut dire qu’elle est suivie et précédée d’autres lettres ayant avec elle quelque rapport. Or, les deux autres pièces fausses sont postérieures. Il doit donc y avoir d’autres lettres des attachés, qui précèdent la pièce fausse.

Ces lettres, M. Cavaignac ne les a pas citées : il serait bon qu’on nous en communiquât le texte, car si elles se rattachent par un lien quelconque à la pièce fausse, si elles sont destinées à la préparer et à l’annoncer comme les lettres postérieures sont destinées à la confirmer, celles-là aussi sont fausses.

Mais, quoi qu’il en soit, il est certain qu’au moins trois faux ont été commis par le colonel Henry contre Dreyfus.


II

Et admirez, je vous prie, comment, sous prétexte de patriotisme, les hautes coteries militaires et les ministres à leur suite travaillent à l’abêtissement de la France.