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LE DOSSIER ULTRA-SECRET


I

J’arrive au dernier chapitre de mon étude sur l’affaire Dreyfus au moment même où la procédure de révision vient d’être ouverte.

Un pas décisif a été accompli : mais la bataille n’est point terminée. Le parti des faussaires essaiera de troubler l’opinion par des mensonges.

Déjà il faut au général Zurlinden une singulière impudence pour oser dire, en se retirant, que le dossier contient la preuve de la culpabilité de Dreyfus. Par quel miracle alors, toutes les fois qu’au lieu d’affirmer ainsi sans preuves les ministres ont essayé de prouver, n’ont-ils pu invoquer que des pièces fausses comme la lettre fabriquée par Henry ou des pièces qui, comme le bordereau, sont d’Esterhazy ?

Les grands chefs ne se résignent pas à leur défaite : mais qu’ils prennent garde. Plus ils s’obstineront, plus ils compromettront la haute armée.

Boisdeffre, pour s’être porté garant d’une pièce fausse, a dû démissionner. Le général Zurlinden, qui se porte garant, après la mésaventure de Cavaignac, d’un dossier inepte et faux, devra démissionner à son tour, quand la pleine lumière sera faite par un débat public.

En attendant, ce que nous savons du dossier ultra-secret suffit à démontrer au peuple à quelles inventions ineptes les césariens et les cléricaux recourent pour le berner.

Il ne faut pas laisser tomber dans l’oubli l’histoire pro-