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VIII

Ah ! il serait trop commode à ces criminels, il serait trop commode à ces faussaires d’échapper à tout contrôle et à toute responsabilité sous prétexte qu’ils se font expédier leurs mensonges et leurs faux de l’autre côté du Rhin !

Admirez, je vous prie, quelle arme souveraine ces hommes auraient en main contre tous les Français qui les gênent.

Un beau jour, ils prétendraient qu’ils ont reçu de leurs agents de Berlin ou de Rome des rapports démontrant la trahison d’un tel ou d’un tel… Et sous prétexte de ne pas brûler ces agents, l’État-Major jugerait à huis clos ceux qui dénoncent son incapacité et ses crimes.

Oui, ce serait commode : mais quelle audace à ces faussaires, qui ont déjà huit faux à leur actif, de demander confiance et discussion dans les ténèbres, pour le reste des dossiers fabriqués par eux !

Mais non : c’est au plein jour qu’il faut que votre ignominie apparaisse.

À genoux devant la France, coquins qui la déshonoriez !

Pas de huis clos ! Pas de ténèbres !

Au plein jour la justice ! Au plein jour la revision pour le salut de l’innocent, pour le châtiment des coupables, pour l’enseignement du peuple, pour l’honneur de la patrie !