Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils veulent avant tout charger Dreyfus : ils se rappellent qu’une autre note, plus importante, sur Madagascar a été rédigée au mois d’août, au ministère, et ils affirment aussitôt que c’est cette note qu’a surprise et communiquée Dreyfus.

Ils ne craignent pas, pour rendre le fait possible, de reculer le bordereau jusqu’en septembre alors que selon l’acte d’accusation il est d’avril ou mai.


IV

Écoutez, je vous prie. C’est le général Gonse qui parle (Dixième audience, tome II, page 110) : « Troisième point : « Note sur Madagascar. »


Il est bien certain que tout le monde peut faire des notes sur Madagascar ; mais, en 1894, on a fait une note sur Madagascar, une note qui était destinée au ministre, une note secrète qui indiquait les mesures à prendre, mesures qui concernaient tout particulièrement l’expédition, enfin toute une série de renseignements extrêmement secrets et confidentiels.

Quand nous avons vu le bordereau annonçant cette note, nous avons été extrêmement surpris ; il n’est venu à l’idée de personne que cela pouvait être une note prise dans un journal ou dans une revue.

Me Labori. ― Mais à quelle date y avait-il une note très importante sur Madagascar rédigée au ministère de la guerre ?

M. le général Gonse. ― Je ne sais pas la date exacte, mais c’est dans le courant du mois d’août.


Aussitôt Me Labori lui oppose l’acte d’accusation qui parle de la note de février.

Ainsi, au moment où l’on condamne Dreyfus d’après la nature des envois mentionnés au bordereau, on ignore si bien la nature de ces envois que, par la note de Madagascar, l’acte d’accusation entend une note rédigée en février, et les généraux Gonse et Pellieux une note beau-