Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/9

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donner au mensonge et au faux l’investiture nationale.

Oui, quelle est l’institution qui reste debout ? Il n’en est plus qu’une : c’est la France elle-même. Un moment, elle a été surprise, mais elle se ressaisit et même si tous les flambeaux officiels s’éteignent, son clair bon sens peut encore dissiper la nuit.

C’est elle et elle seule qui fera la révision. J’entends par là que tous les organes légaux, la cour de cassation, les conseils de guerre, sont incapables désormais de la vérité complète, Si la conscience française n’exige pas chaque jour toute la vérité.

Voilà pourquoi, bien loin de désarmer aujourd’hui, les citoyens qui ont entrepris le combat contre les violences et les fraudes de la justice militaire doivent redoubler d’efforts pour éveiller et éclairer le pays. Voilà pourquoi aussi nous tenons à fournir au prolétariat les éléments de discussion et de preuve que nous avons recueillis.

Beaucoup même de nos adversaires de la première heure ont bien voulu nous dire qu’ils avaient été ébranlés par notre démonstration. Mais toujours un doute revient en eux : Comment est-il possible, disent-ils, que sept officiers français aient condamné un autre officier sans des preuves décisives ? À vrai dire, un argument aussi général exclurait a priori toute erreur judiciaire. Mais il est