Page:Javal - Entre Aveugles, 1903.pdf/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
ENTRE AVEUGLES

J’ai dit qu’il m’a fallu renoncer aux recherches d’optique et aux consultations : cela n’est pas absolu. Mon successeur à la Sorbonne me fait l’amitié de venir me parler de temps à autre de ce qui se fait au laboratoire où il a été longtemps mon second, et si quelque ancien client tient à me consulter, je convoque, pour le recevoir, un aide qui m’a, pendant douze ans, assisté dans mes consultations particulières, et qui, bon observateur, me décrit l’état du malade et me donne ainsi l’illusion d’être encore utile comme médecin.

À chacun de choisir entre ma manière de procéder et celle d’un aveugle très intelligent, ancien ingénieur, qui a eu la main heureuse dans le choix d’une personne dont la collaboration permanente lui donne toute satisfaction. Il lui a enseigné l’art si difficile de dire ce qu’elle voit et d’agir à sa place : par exemple, s’il y a un calcul à exécuter, la collaboration consiste à ne rien faire mentalement et à appeler tous les chiffres ; l’aveugle est ainsi mis à même de suivre tout le temps.

Intermédiaire entre les deux systèmes qu’on vient de voir, se présente celui de M. Riggenbach. Je cite textuellement :

« Ma fonction de professeur de théologie m’oblige à avoir en permanence un secrétaire instruit qui me seconde dans mes travaux scientifiques.

L'emploi de secrétaire est très astreignant, et celui