Page:Jean.I.Bernoulli.-.Autobiographie.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
226

melle. Lorsque en Angleterre on s’avisa de déclarer la guerre contre Mr. Leibnitz au sujet de l’honneur de la première invention du calcul nouveau des infiniment petits, j’y fus enveloppé malgré moi, on me pressa de prendre parti ; après la mort de Mr. Leihnitz on s'en prit a moi seul ; une nuée d Antagonistes anglais me tombèrent sur le corps ; il me fallait soutenir les attaques de Mes. Kell, Taylor, Pemberton, Robins et d’autres ; enfin moi seul comme le fameux Coclès, je soutenais sur le pont toute l'armée anglaise. C’est Mr. de Fontenelle, qui en parlant de moi fait cette plaisante comparaison ; v. l’hist de l'Acad. de 1719 pag. 90. — Une autre querelle, non point nationale mais générale me fut suscitée sur les forces vives des corps, à l’occassion de mon discours sur le mouvement, où je prends la défense de la force vive, qu’on pourrait nommer plus proprement le pouvoir d’un corps qui est en mouvement, pour la distinguer de la force morte qu’il peut imprimer successivement à des obstacles égaux jusqu'à son entière extinction, par où j’ai démontré que le nombre de ces obstacles surmontés est toujours proportionné au quarré de la vitesse acquisse et non pas à la simple vitesse. La plupart des plus grands géomètres, surtout ceux à qui j’ai eu l’occassion d’expliquer de vive voix mes pensées, sont devenus autant de Prosélytes en adoptant la doctrine des forces vives. Ce serait en vain de vouloir convertir les autres qui s’obstinrent à les reconnaître par divers raisons : Quelques-uns le font par un pur aveuglement, puisqu’ils n’ont point d’idée de ce qu’on doit entendre par les forces vives, en le confondant éternellement