Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/100

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nature, abondance, paix, bonheur champêtre. En passant devant une maison ouverte, j’entendis un mulâtre parler français. Je ne doutai pas qu’il ne fût un réfugié de la Louisiane, et je lui fis connaître ma position. M. Lamobilière, et sa femme — blanche — qui appartient à une famille connue et opulente de Donaldsonville, m’accueillirent aussitôt avec une aménité dont je ne perdrai jamais le souvenir. Ils pourvurent à mes premiers besoins. Je me procurai d’autres vêtements; j’enlevai la couche épaisse de poussière qui me couvrait le corps, et me voilà bientôt cherchant de rue en rue le consulat américain.

La Belgique n’a pas de consul à Matamoros : le port n’a qu’une importance momentanée, due aux événements de la guerre. Pour ce qui me concerne personnellement, si j’en juge par les précédents, j’aurais trouvé sans doute moins bon accueil près d’un consul de mon pays,… qui m’eût conseillé de retourner pour prendre les armes dans la levée en masse[1].

Le consul des États-Unis, M. Pierce, non-seulement m’accueillit avec tous les témoignages de l’intérêt, mais il s’occupa de m’installer et me traita bientôt en ami. C’est son messager qui portera cette lettre à Tampico, pour le prochain départ du paquebot anglais. Grâce à lui, je vais enfin rouvrir mes correspondances avec l’Europe, recevoir des lettres de mon pays dont je n’ai rien appris depuis une année entière. Grâce à lui et à la publicité de la Revue, je viens protester, comme témoin

  1. Voir plus haut la lettre que notre consul à New-Orléans m’a adressée sous la date du 6 octobre 1861.