Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/103

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Mais elles sont esclaves ; le maître, à toute heure, a le droit de les lier à un arbre et de les dépouiller de leurs vêtements. Il a le droit, le droit parfaitement légal, de leur appliquer les étrivières, sans rendre compte à personne de ses motifs. Il a le droit, si la résistance est opiniâtre, et si sa faible victime, entraînée par le courage du désespoir, vient à bout de le fatiguer et de rendre la lutte vaine, il a le droit d’appeler à son aide le shérif et ses assistants…

L’opinion publique avait banni ces coutumes barbares sans les effacer de la loi. Le sentiment populaire protégeait les femmes esclaves des États-Unis, aussi longtemps que les planteurs trouvaient, dans la liberté de discussion, un contre-poids à leurs exigences. Mais aujourd’hui le flot a rompu ses digues; la servitude n’est plus bornée à telle conscription du travail, qui trouvait son explication dans des circonstances de climat et de population, et que la conduite patriarcale des maîtres portait, durant un temps, à tolérer. La possession de l’homme par l’homme se développe dans ses dernières conséquences. Elle déploie le cynisme de l’impiété.

Verrons-nous, au milieu du dix-neuvième siècle, dans le pays le plus actif et naguère encore le plus libre de l’univers, verrons-nous le triomphe d’un pareil système?

Et parlant toujours au même auditoire, j’ajouterais encore :

Gardez-vous d’imaginer que l’intérêt de l’humanité soit seul en jeu. Le développement de l’esclavage moderne vous touche encore par des liens plus étroits. Supposez les planteurs affermis dans leur puissance.