Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/108

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autres que j’ai toute raison de croire véridiques.

Une femme enceinte étant indisposée, le maître la fit fouetter pour l’envoyer au travail. Elle se traîna aux champs avec grand’peine et s’étendit sur le sol, en mal d’enfant. Nouvelle correction plus brutale : le fouet enlevait des lanières de chair qui firent le jour entre les côtes, à tel point qu’on voyait le poumon. Pendant ce supplice, la malheureuse mit au monde un enfant mort-né et, bientôt après, rendit l’âme elle-même.

Un fugitif, ayant été repris, son maître le ramena enchaîné derrière sa voiture (c’est la mode), et le fit jeter dans le four à pain ; quand on le retira, il était mort.

Un autre fugitif fut pendu par les mains et périt de faim dans cette position; le maître avait eu la cruauté de mettre près de lui un plat de viande fumante que l’on renouvelait à l’heure de chaque repas. Un des camarades de ce martyr m’a raconté ses derniers moments, dans un langage naïf, mais expressif. Ses derniers mots, dits d’une voix basse et mourante, étaient ceux-ci : manger, manger

J’ai vu bannir les nègres libres et remettre en servitude les esclaves sans maîtres, pour la plupart gens libres, dont l’acte de libération n’était pas bien conservé ou bien en règle. Et, quand je dis nègres, c’est pour éviter la périphrase « personnes de couleur, » car il n’est plus si aisé de trouver un noir pur. La population de couleur, surtout celle qui est libre, est croisée au premier, au second, au troisième et au quatrième degré. On y compte des hommes plus blancs que vous et moi ; c’est une question de généalogie.

J’ai vu un Allemand qui a été esclave temporaire