Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/58

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à l’homme et surtout au soldat. Il y a ce qui nous manque. Il y a de l’or et de l’argent,… et il nous les faut.» — A d’autres on aurait montré la gloire ; aux fils des planteurs du Sud on dit : il y a de l’or… et nous le prendrons.

Mais le recrutement volontaire ne suffisait plus. L’armée, dont on enflait ridiculement le chiffre, ne s’élevait pas à deux cent mille hommes. Les planteurs essayèrent d’une pression morale pour faire prendre les armes à tout ce qui dépendait d’eux : ouvriers, marchands, hommes d’affaires, artisans, journalistes, commis, imprimeurs. À la fin d’octobre, on comptait sous les drapeaux trois classes d’hommes : 1° les aventuriers, parmi lesquels je comprends les hommes sans état, qui trouvaient dans la profession des armes, soit une ressource, soit un appât pour leur ambition ; 2° les fils des maîtres d’esclaves; 3° les clients ou obligés des planteurs. Mais lorsque cette troisième classe fut enrôlée, sous l’effet de la menace et de la peur, le recrutement cessa subitement de produire. Les appels du gouvernement s’adressèrent alors à des citoyens qui ne voulaient pas se battre, qui avaient conservé leurs moyens d’existence, leurs occupations. Ils s’adressèrent à des pères de famille, cultivateurs, négociants, menant une existence indépendante, soigneux de l’avenir de leurs enfants.

Les meneurs, auxquels la terreur et la violence avaient jusque-là réussi, conçurent alors le projet absurde de la levée en masse. Ils se montrèrent dépourvus de sens pratique au point d’ordonner, dans une société civilisée — qui a son agriculture, son industrie, ses