Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

grande partie des documents que j’avais rassemblés pendant mes quatre années de séjour au Texas. Il n’y avait pas une liasse de papiers qui ne renfermât quelque feuille où se trouvait, implicitement ou explicitement, une condamnation de l’esclavage. La question revenait partout, — qu’il s’agît de tribunaux, d’industrie, d’économie politique, de commerce, d’agriculture, d’anthropologie. Je n’avais pas le temps de relire. Après une tentative de classement, qui me convainquit de l’inutilité de l’entreprise, je jetai les liasses dans le foyer sans les ouvrir.

La flamme de l’auto-da-fé brillait encore, que les chiens donnèrent et m’annoncèrent l’approche des visiteurs. A la faveur de la nuit, des citoyens dont je n’écris pas même les initiales, m’apportaient le précieux manuscrit, signé courageusement de l’un d’eux. Celui-ci m’exposa l’objet du mémoire et m’en donna lecture. Après avoir fait connaître au gouvernement de Washington les forces du parti unioniste dans le Texas occidental, après avoir exposé l’impuissance des efforts tentés par les planteurs pour opérer la levée en masse, levée qui d’ailleurs manquera toujours d’armes, de vivres et de munitions, le mémoire passe à la considération de l’avenir des esclaves. Une libération immédiate et absolue, aussi bien qu’une transportation en masse à l’étranger, sont des mesures également impraticables, funestes en même temps aux intérêts du pays et aux nègres. Il faut d’abord arrêter l’esclavage dans sa source, en déclarant qu’à l’avenir tout enfant naît libre. On peut ensuite diviser par classes la population asservie, et élever ces classes successivement à la liberté,