Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/87

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attelé à l’arrière une paire de bœufs, qui en se laissant traîner, retiennent la charrette dans les descentes rapides. Je mis du retard à leur donner le signal de la marche, et la chaîne qui les attachait au véhicule se brisa à l’instant du départ. Mes bœufs d’avant, trop faibles pour retenir, sur une pente de douze ou quinze pour cent, la masse qu’ils menaient après eux, accélérèrent le pas, et tout ce que je pus faire pour éviter une catastrophe fut de les diriger à travers les arbres qui bordaient le chemin. La charrette s’y trouva bientôt arrêtée par les chênes; mes compagnons rouliers vinrent à mon aide. Une demi-journée fut nécessaire pour réparer les dommages, remettre le chargement à sa place, et travailler à la hache des jougs de bois vert, destinés à remplacer ceux qui s’étaient brisés.

Le 27, nous fîmes étape au bord du ravin de Barbon. Nous y étions arrivés après la chute du jour, et l’obscurité ne permettant point de choisir convenablement le lieu du camp, nous avions laissé les chariots parmi les buissons. Vers minuit, Rodriguez, qui était alors en sentinelle, nous réveilla tous, et nous montra les chevaux inquiets, agités, levant la tête, soufflant avec force, se sauvant tour à tour dans différentes directions. Il était évident que ces animaux apercevaient dans les broussailles quelque chose d’étrange, et qu’une attaque se préparait à la fois de plusieurs côtés. Les malheureux Mexicains qui vivent dans ces endroits déserts et sauvages, ne subsistent guère que de la chasse au cheval mustang et du pillage des chariots. Ils se dépouillent de leurs vêtements, se traînent sur le ventre entre les buissons, et lorsqu’ils réussissent à surprendre les