Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/97

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kilomètres de Brownsville. Un bois épais (brenial) nous séparait encore du terme de notre voyage : nous ne pouvions le traverser qu’en suivant le chemin public. Vidal se rendit seul, à cheval, à la ville, pour examiner la situation. Un certain nombre de citoyens commençaient à quitter le pays, par suite des vexations ou des dangers auxquels ils étaient exposés. On soupçonnait les voyageurs de chercher à se soustraire à la levée en masse. Tous ceux qui n’avaient point de bonnes raisons pour se rendre au Mexique, ceux qui ne trouvaient pas de répondants ou d’amis parmi les huit compagnies de volontaires stationnées à Brownsville, étaient réputés traîtres à la patrie, et mis en arrestation jusqu’à plus ample informé. Un homme était en prison pour un motif qui semblera bien puéril en Europe; il avait dit : « Si un jour je me marie, je ne vois pas pourquoi je n’épouserais pas une noire tout comme une femme d’une autre couleur.»

Les exprès partis chaque semaine de Corpus-Christi et de San Antonio, signalaient à l’avance l’arrivée des fugitifs ou des mécontents. On arrêtait les voitures, on saisissait les chevaux, et les voyageurs avaient ensuite à répondre de leurs intentions. Quatre habitants de Goliad, qui désiraient s’absenter jusqu’à la fin des troubles, et que l’exprès avait devancés, livrèrent un combat régulier aux sentinelles qui leur barraient le passage, et deux seulement réussirent, en jetant leurs chevaux à la nage, à gagner l’autre rive du Rio Grande. L’autorité militaire avait fait pendre un homme soupçonné de porter un message verbal.

Tout considéré, il paraissait encore plus dangereux