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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/112

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pour qu’on ne pense pas qu’il le flatte, il ajoute partout les motifs de cette affection, afin, comme je viens de le dire, d’échapper au soupçon de flatterie, et afin de les exhorter encore mieux, en faisant retomber l’éloge sur eux ; et en leur montrant que ce sont eux qui ont fait naître en lui le principe et le motif d’une telle charité. Car, après avoir dit « Ses entrailles ressentent pour, vous une tendresse bien plus vive », il ajoute : « Car il se souvient de votre docilité à tous ».
Ce langage nous montre aussi Tite reconnaissant envers ses bienfaiteurs, puisqu’il est revenu les portant tous dans son cœur, qu’il se souvient continuellement d’eux, et qu’ils sont perpétuellement à sa bouche et dans sa pensée. Il fait aussi aux Corinthiens un mérite encore plus grand de ce que, lorsqu’ils laissèrent Tite partir, ils se l’étaient ainsi gagné. Ensuite, il parle aussi de leur docilité pour accroître leur zèle ; c’est pour cela qu’il ajoute : « De la crainte, et du tremblement avec lesquels vous l’avez reçu (15) ». Non pas avec charité seulement, mais aussi avec un extrême respect. Vous le voyez, il rend témoignage de deux mérites en eux : – de ce qu’ils l’aimaient comme un père, et de ce qu’ils le craignaient comme un supérieur, sans que cette crainte affaiblît leur affection, sans que cette affection détruisît leur crainte. C’est ce qu’il avait déjà dit plus haut : « Cette tristesse selon Dieu que vous avez eue, quelle vigilance n’a-t-elle pas produite en vous, et aussi quelle crainte et quels soupirs (11) ? Je me réjouis donc, parce que j’ai en tout confiance en vous (16) ». Voyez-vous que c’est en eux qu’il se réjouit surtout ? C’est, veut-il dire, parce que vous n’avez été en aucune circonstance la honte de votre maître ; et que vous ne vous montrez pas indignes du mon témoignage. Ainsi, il ne se réjouissait pas tant à propos de Tite de ce que celui-ci avait été l’objet d’un si grand respect, qu’à propos des Corinthiens, de ce qu’ils avaient fait preuve d’une si grande reconnaissance. Car afin qu’on ne crût pas qu’il se réjouissait plus à cause de lui qu’à cause d’eux, voyez comme il en donne encore ici le motif. De même qu’il a dit plus haut : « Car si je me suis glorifié de vous en quelque chose auprès de lui, je n’ai pas eu à en rougir » ; de même ici encore : « Parce que j’ai eu toute confiance en vous ». Ai-je à vous réprimander ? Je ne crains pas de votre part une rupture avec moi ; ai-je à me glorifier de vous ? Je n’ai pas à redouter d’être convaincu d’avoir tort ; en un mot, que j’aie à louer en vous soit l’obéissance, soit la charité, soit le zèle, j’ai confiance en vous. Je vous ai dit de couper, et vous avez coupé ; je vous ai dit d’accueillir, et vous avez accueilli ; j’ai dit en présence de Tite que vous êtes magnanimes et admirables ; que vous savez respecter vos maîtres ; et par votre conduite vous avez prouvé que cela est vrai. Bien plus, ce n’est pas tant de moi que de vous-mêmes que Tite a pu l’apprendre. Aussi est-il revenu rempli pour vous d’un amour enthousiaste, car vous avez offert à ses yeux plus encore que mes paroles n’avaient annoncé. « Or, je vais vous faire connaître, mes frères, la grâce de Dieu qui a été donnée dans les églises de Macédoine ». (8, 1)
2. Quand il les a élevés par ses éloges, il en, vient à l’exhortation. Et s’il a mêlé les louanges aux reproches, c’est de peur, en passant du reproche à l’exhortation, de rendre ses paroles difficiles à accepter ; – il veut, en commençant par flatter leurs oreilles, frayer la route à ses exhortations. Il se propose de parler sur l’aumône : aussi a-t-il la précaution de dire : « Je me réjouis de ce qu’en tout j’ai confiance en vous » ; faisant servir leurs mérites précédents à augmenter leur bonne volonté pour la circonstance présente. Il ne dit pas immédiatement : Faites donc l’aumône ; mais voyez sa prudence ; voyez comme il prépare de loin son discours, comme il le prend de haut : « Je vais vous faire connaître », dit-il, « la grâce de Dieu qui a été donnée dans les églises de Macédoine ». De peur qu’ils ne s’enorgueillissent, il appelle cela une grâce, et racontant les œuvres des autres, il se sert des éloges qu’il donne à ceux-là pour rendre plus grand le zèle de ses auditeurs. Et il loue les Macédoniens pour deux motifs, pour trois même parce qu’ils supportent courageusement les épreuves, parce qu’ils savent exercer la miséricorde, et parce que, tout pauvres qu’ils sont, ils ont montré de la libéralité dans leur aumône ; ils étaient pauvres, car on leur avait enlevé leurs biens. C’est ce qu’il nous apprend lorsqu’il leur écrit dans une de ses lettres : « Car vous êtes devenus les imitateurs des églises de Dieu qui sont en Judée, parce que vous avez aussi souffert les mêmes traitements de : la part de vos compatriotes, que