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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/125

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Soit donc que vous vouliez les accueillir comme des frères, ou comme les envoyés des Églises, soit que vous le fassiez pour la gloire du Christ, vous avez de nombreux motifs de bienveillance à leur égard.. Car j’ai à dire de Tite qu’il est mon coopérateur et votre ami dévoué, et j’ai à dire des autres qu’ils sont nos frères, qu’ils sont les apôtres des Églises, qu’ils sont la gloire de Jésus-Christ.
3. Vous le voyez, ceci prouve qu’en ces derniers étaient inconnus aux Corinthiens. Autrement il leur eût fait honneur comme à Tite d’avoir de l’affection pour les Corinthiens. Mais sommé ceux-ci ne les connaissaient pas encore, recevez-les, dit-il, comme des frères, comme des envoyés des églises, comme agissant pour la gloire du Christ ; c’est pourquoi il ajoute : « Prouvez-leur donc à la face des Églises quille est votre charité et la gloire que nous mettons en vous (24) » : C’est-à-dire : Faites voir maintenant, d’une part combien vous nous aimez, et de l’autre, combien l’orgueil que : nous avons conçu de vous est légitime et fondés or, vous prouverez tout cela, si vous montrez de la charité envers eux. Il donne à son langage quelque chose de plus redoutable en ajoutant : « À la face des Églises ». C’est, dit-il, pour la gloire et l’honneur des Églises ; car si vous honorez nos frères, vous honorerez les Églises dont ils tiennent leur mission. En effet, l’honneur qu’on rend aux envoyés ne s’arrête pas à eux, il va jusqu’à ceux qui les délèguent, qui les ont choisis, il va plus loin encore, il rend gloire à Dieu même. Honorer les ministres de Dieu, c’est faire monter, nos louanges jusqu’à lui. Devant la communauté des Églises : et ce n’est pas là un point sans importance : il y a une grande puissance dans la réunion, c’est nomme si je disais : dans les Églises. Considérez combien a été grande cette puissance de la réunion. La prière de l’Église délivra Pierre de ses liens (Act. 12,5-7), et ouvrit la bouche de Paul ; à son tour, le suffrage de ces deux apôtres revêt de faveurs insignes ceux qui arrivent aux dignités spirituelles. C’est pourquoi celui qui va faire élection de quelqu’un invoque leurs prières, et ceux qui sont initiés aux fonctions sacrées sont appelés à donner leur suffrage, et déclarent ce qu’ils savent, car il n’est pas permis de tout révéler devant ceux qui ne sont pas initiés aux fonctions sacrées. Dans d’autres cas, il n’y a point de différence entre le prêtre et ses administrés ; comme lorsqu’il s’agit de prendre part aux redoutables mystères ; car nous y sommes admis tous indistinctement.
Ce n’est pas comme sous l’ancienne Loi, où les mets du prêtre n’étaient pas ceux du simple fidèle ; où il n’était pas permis au peuple d’avoir part aux mêmes choses que le pontife. Il n’en est plus ainsi die nos jours : un seul corps, un seul calice est offert à tous. Dans les prières, on peut voir aussi que le peuple est pour beaucoup. Pour les énergumènes, pour les personnes soumises à une pénitence, les prières viennent à la fois du prêtre et des fidèles ; ils disent tous la même, et c’est une prière pleine de miséricorde. Quand nous avons exclu de l’enceinte sacrée ceux qui ne peuvent participer à la sainte table, c’est à une prière d’un autre genre qu’il faut avoir recours ; mais alors encore tout le monde indistinctement se prosterne à terre et se relève. Quand on donne et que l’on reçoit le baiser de paix, tout le monde y est admis. Dans la célébration même des très-redoutables mystères, le prêtre prié pour le peuple, mais le peuple prie aussi pour le prêtre, car ces mots : « Et avec votre esprit », n’ont pas d’autre sens. L’action de grâces leur est commune également, car ce n’est pas le prêtre seul qui rend grâces, mais le peuple tout entier. En effet, c’est après avoir reçu l’assentiment des fidèles, et après qu’ils sont convenus que cela est juste et légitime ( Dignum et justum est), que le prêtre commence l’action de grâces. Et pourquoi s’étonnerait-on que le peuple parle conjointement avec le prêtre, puisqu’alors aussi le peuple s’associe aux Chérubins eux-mêmes et aux puissances célestes pour faire monter en commun les hymnes sacrées vers Dieu ? Or si je vous ai dit tout cela, c’est afin que même parmi les simples fidèles, chacun soit vigilant, afin que nous apprenions que nous sommes tous un seul corps, que nous ne, différons ensemble que comme certains membres diffèrent des autres, c’est afin que vous ne rejetiez pas tous les soins sur les prêtres, mais que pour votre part aussi, vous vous inquiétiez de l’Église tout entière, comme de votre corps commun. Car cela nous procure une plus grande sécurité, et un accroissement de vertu plus considérable.
Écoutez comme du temps des apôtres on admettait dans d’autres circonstances encore, les simples fidèles à donner leur avis. Quand