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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/21

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de cet avertissement ? Rien de plus évident ; c’est par modestie, c’est pour reprendre ceux qui entretiennent des sentiments d’orgueil et de vaine gloire qu’il emploie ces paroles : « Afin que nous ne mettions pas notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu ».
Et voyez avec quelle douceur il les traite avec quels ménagements ? C’est à cause de vous, dit-il, que Dieu a permis que nous fussions éprouvés : tant votre âme a de prix aux yeux du Seigneur : « Si nous sommes dans la tribulation, c’est pour votre consolation et votre salut ». Mais l’excès même de cette tribulation, Dieu le permet pour prévenir en nous tout sentiment d’orgueil. « Nous avons été accablés au-delà de toute mesure et au-dessus de nos forces, pour que nous ne mettions pas en nous-mêmes notre confiance, mais en Dieu seul ». Il leur remet en mémoire cette doctrine de la Résurrection, qu’il développe si longuement dans la première épître, et qu’établit si bien la situation actuelle de l’apôtre. Il ajoute donc : « Qui nous a délivré si souvent de la mort (10) ». Il ne dit pas : De tant de périls. Non : car il veut montrer l’excès de ses souffrances, et confirmer ce qu’il a dit de la résurrection. La résurrection des morts appartient à l’avenir, et c’est pourquoi l’apôtre fait voir que tous les jours Dieu ressuscite des morts. Cet homme qui avait perdu tout espoir, qui était descendu jusqu’aux portes de la mort, Dieu, qui le rappelle à la vie, qui le retire de l’abîme où il est tombé, ne donne-t-il point par là comme un exemple de la résurrection future ? Lorsque ces malades dont on désespère échappent à une maladie dangereuse, ou à d’intolérables souffrances, ne disons-nous pas : c’est une véritable résurrection.
« Nous espérons qu’il nous en délivrera encore, avec le secours des prières que vous a faites pour nous : afin que la grâce que nous avons reçue en considération de plusieurs, soit aussi reconnue par les actions de grâces que plusieurs en rendront pour nous (11) ». Il vient de dire : « Afin que nous ne mettions pas en nous-mêmes notre confiance » ; et ces paroles semblent renfermer un reproche général dont quelques-uns pouvaient se blesser. Mais qui pourrait se plaindre, maintenant qu’il implore le secours de leurs prières, et qu’il leur rappelle que toute notre vie doit se passer dans les soucis et l’inquiétude ? Leur dire en effet : « Nous espérons qu’il nous en délivrera encore », n’est-ce pas leur annoncer comme une armée de tentations, et du même coup l’assistance et le secours dans le combat ?
Que néanmoins la vue de ces dangers ne les consterne point ; ils offrent de grands avantages, et ces avantages il les énumère dans ces paroles : « Afin que nous ne mettions pas en nous-mêmes notre confiance » ; c’est-à-dire, afin que Dieu nous maintienne dans une continuelle humilité, et que leur salut s’accomplisse. Autres avantages : l’épreuve met en communion avec Jésus-Christ. « Car », dit-il, « les souffrances de Jésus-Christ abondent en nous-mêmes » ; c’est pour les fidèles que l’apôtre souffre : « Si nous sommes dans la tribulation, c’est pour votre consolation et pour votre salut ». Ce même salut resplendit d’un plus grand éclat, car : « Il s’opère par les mêmes afflictions supportées avec patience ». De plus, la tribulation fortifie ; et surtout fait briller aux regards la radieuse espérance de la résurrection : « Il nous a tant de fois sauvés de la mort » ; la souffrance rend vigilant, et force l’homme à lever sans cesse les yeux vers le Seigneur : « Nous espérons qu’il nous délivrera » ; dernier avantage enfin, la souffrance ne permet pas de se détacher de la prière « Avec le secours des prières que vous faites pour nous ». Après leur avoir ainsi montré les avantages de la tribulation, après leur avoir inspiré une salutaire inquiétude, il ranime leur zèle et les excite à la vertu, par ce témoignage qu’il rend de l’efficacité de leurs prières : « Avec le secours des prières que vous faites pour nous, dit-il ». Quel est le sens des paroles qui suivent ? « Afin que la grâce que nous avons reçue en considération de plusieurs, soit aussi reconnue par les actions de grâces que plusieurs en rendront pour nous ». Il nous a maintes fois sauvés de la mort, avec le secours de vos prières ; c’est-à-dire, vous l’avez tous prié pour nous. Ce salut, qu’il vient de nous accorder, c’est un bienfait que vous partagez avec nous ; et ainsi vous devez joindre vos actions de grâces aux nôtres, puisque avec nous vous avez éprouvé la miséricorde de notre Dieu.
4. Il les exhortait par là à prier les uns pour les autres, et les habituait aussi à remercier le Seigneur, à l’occasion de ce qui arrive au prochain, leur faisant entendre que rien ne