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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/309

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sages, ainsi que l’enseignement le fait voir ; un esprit de force, par lequel les faibles ressuscitaient les morts et chassaient les démons ; un esprit de grâce de guérisons, un esprit de prophétie, un esprit de langues ainsi il y a un esprit d’adoption. Et comme nous reconnaissons l’esprit de prophétie, lorsque celui qui le possède prédit l’avenir, non par son inspiration personnelle, mais par le mouvement de la grâce ; ainsi reconnaissons-nous l’esprit d’adoption quand celui qui l’a reçu donne à Dieu le nom de Père, mû en cela par l’Esprit. Et voulant montrer que c’est bien d’enfants légitimes qu’il s’agit, l’apôtre emploie la langue hébraïque. En effet, il ne dit pas seulement : « Père », mais : « Abba, le père » : expression que les enfants légitimes emploient à l’égard de leur père.
Quand il a ainsi donné la différence d’après les institutions, la grâce accordée, la liberté, il produit encore une autre preuve de l’excellence de cette adoption. Qu’elle est cette preuve ?
« L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit, que nous sommet enfants de Dieu (16) ». Je ne m’appuie pas seulement sui ce mot, dit-il, mais sur la raison même de ce mot ; je dis tout cela sous l’inspiration même de l’Esprit. C’est ce qu’il explique ailleurs plus clairement en disant : « Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, criant : Abba, le Père ». (Gal. 4,6) Qu’est-ce que cela veut dire : « Rend témoignage à notre esprit ? » c’est-à-dire : Le Paraclet rend témoignage au don qui nous a été fait. Ce n’est pas seulement la voix du don, mais aussi celle du Paraclet qui nous a fait le don ; car c’est lui-même qui par sa grâce nous a appris à parler ainsi. Or, quand l’Esprit rend témoignage, quel moyen de douter ? Si c’était un homme, un ange, un archange, ou quelque autre puissance de ce genre, qui nous fît cette promesse, on aurait peut-être raison de se défier ; mais quand c’est la puissance suprême, celle qui nous a fait le don, qui nous rend témoignage par la prière même qu’elle nous ordonne de lui adresser, comment élever un doute sur notre dignité ? Si un roi élisait quelqu’un et proclamait devant tout le monde l’honneur qu’il lui fait, aucun de ses sujets n’oserait le contredire.
« Mais si nous sommes enfants, nous, sommes aussi héritiers (17) ». Voyez-vous comme il augmente le don peu à peu ? Car, comme on peut être enfant sans être héritier, (en effet tous les enfants ne sont pas héritiers), il a soin d’ajouter que nous sommes aussi héritiers. Or les Juifs, outre qu’ils n’ont point joui d’une telle adoption, ont été exclus de l’héritage. « Car il fera mourir misérablement ces misérables, et il donnera sa vigne à d’autres vignerons ». (Mt. 21,41) Auparavant le Christ avait déjà dit : « Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et auront place avec Abraham ; tandis que les enfants du royaume seront jetés dehors ». (Id. 8,41, 12) Mais Paul ne s’arrête pas là ; il dit encore quelque chose de plus, savoir que nous sommes « Héritiers de Dieu » ; c’est pourquoi il ajoute : « Nous sommes aussi héritiers de Dieu » ; et non simplement héritiers, mais, ce qui est plus encore : « Cohéritiers du Christ ». Voyez-vous comme il s’efforce de nous amener jusqu’auprès du Seigneur ? Comme tous les enfants ne sont pas héritiers, il montre que nous sommes tout à la fois enfants et héritiers. Puis, comme tous les héritiers n’héritent lias de grands biens, il fait voir que les héritiers de Dieu possèdent cet avantage. Enfin, comme on peut être héritier de Dieu, et cependant n’être pas cohéritier du Fils unique, il déclare que cet honneur nous appartient encore. Et voyez sa sagesse quand il traite un sujet triste, qu’il parle du châtiment réservé à ceux qui vivent selon la chair, et dit, par exemple, qu’ils mourront, il est bref ; mais quand il aborde une question plus agréable, il s’étend, il devient prolixe, il entre dans le détail des récompenses et mentionne des dons aussi grands que variés. Si c’est une grâce ineffable d’être enfant, pensez ce que c’est que d’être héritier. Et si c’est une grande chose d’être héritier, c’est beaucoup plus encore d’être cohéritier. Puis, pour montrer que ce n’est pas seulement un don de la grâce, et pour rendre croyable ce qu’il vient de dire, il ajoute : « Pourvu que nous souffrions avec lui, afin d’être glorifiés avec lui ». C’est-à-dire, si nous avons partagé les tristesses, à bien plus forte raison aurons-nous part aux joies. Comment, en effet, celui qui nous a comblés de bienfaits quand nous n’avions rien mérité, ne nous en accorderait-il pas encore bien davantage, quand il nous aura vus travailler et tant souffrir ?
4. Après avoir donc montré qu’il y a ici rétribution et récompense, pour rendre croyable ce qu’il a dit et dissiper tous les doutes, il fait