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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/410

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curieuses les mystères de Dieu, et de lui demander des comptes. Ce n’est pas une vaine curiosité qui convient ici, mais l’affection, l’amour. Voilà pourquoi l’apôtre ferme la bouche aux curieux et dit : « Selon l’ordre du Dieu éternel, pour opérer l’obéissance à la foi ». La foi réclame l’obéissance, et non une activité inquiète ; quand Dieu commande, il faut obéir, et non se livrer à une vaine curiosité. Ensuite l’apôtre trouve encore d’autres raisons pour raffermir la confiance des fidèles « Le mystère est venu à la connaissance de toutes les nations ». Vous n’êtes pas le seul qui ayez cette croyance, c’est la foi de la terre tout entière ; ce n’est pas un homme, c’est Dieu qui l’a enseignée. De là ces paroles : « Par Jésus-Christ ». Et non seulement le mystère a été découvert, mais la connaissance en a été affermie, et tout cela est l’ouvrage de Jésus-Christ. De sorte que toute cette suite doit se lire ainsi : « A celui qui est tout puissant pour vous affermir par Jésus-Christ ». Car, comme je l’ai dit, c’est à Jésus-Christ que l’apôtre attribue et la révélation et la connaissance bien établie du mystère ; ou plutôt, non seulement ces deux bienfaits, mais aussi la glorification du Père. De là ces paroles : « A lui, gloire, dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Il le glorifie encore à cause de ce qu’il y a d’incompréhensible dans ces mystères, et cet incompréhensible le jette dans la stupeur. Même aujourd’hui, après la révélation, la pensée ne saurait les comprendre ; il faut la foi ; les saisir autrement, c’est impossible.
L’apôtre a bien raison de dire, en parlant de Dieu : « Qui est le seul sage ». Considérez les nations amenées à la religion ; les mélanges des infidèles avec les hommes qui furent les anciens justes ; le salut de ceux qui étaient désespérés ; les pécheurs, indignes de la terre, introduits dans le ciel, ceux qui étaient déchus de la vie présente, appelés à l’ineffable immortalité ; les victimes, foulées aux pieds par les démons, devenues des anges, ayant tous les droits des anges, le paradis ouvert, tous les anciens malheurs effacés, et cela eu un temps si court, et par des moyens si faciles et si rapides, vous comprendrez alors la sagesse divine ; ce que ne connaissaient ni les anges, ni les archanges, les gentils l’ont appris en un instant par le moyeu de Jésus. Ainsi quand il faudrait admirer sa sagesse, le glorifier, vous vous attardez dans des réflexions sans portée, vous restez encore assis dans l’ombre, ce qui certes n’est pas glorifier le Christ. Celui qui n’a pas en lui de confiance, et que la foi n’a pas touché, celui-là ne rend pas témoignage à la grandeur de ses œuvres. Mais Paul, à leur place, glorifie le Seigneur, et les incite à montrer le même zèle que lui. Donc quand vous l’entendez dire : à Dieu, « qui est le seul sage », n’allez pas croire qu’il y ait là rien qui rabaisse le Fils. Si tous les faits qui manifestent la sagesse de Dieu se sont accomplis par le Christ ; si, sans lui, rien n’a été accompli, évidemment leur sagesse est égale. Pourquoi donc l’apôtre a-t-il dit : « Le seul ? » C’est par opposition avec toute la nature créée. Donc, après avoir rendu gloire à Dieu, il reprend son discours, et, s’adressant aux plus forts, il dit : « Nous devons donc, nous qui sommes plus forts » (15,1) ; nous devons, ce n’est pas une faveur que nous faisons ; eh bien, que devons-nous ? « Supporter les faiblesses des infirmes ».
2. Voyez-vous comme il les élève par ces paroles flatteuses, où non seulement il les appelle des forts, mais en outre il les met au même rang que lui ? Et il fait plus encore, il les prend par l’idée de l’utilité, sans rien leur dire de pénible. Vous êtes forts, leur dit-il, et si vous usez de condescendance vous ne vous faites aucun tort ; mais l’infirme court les plus grands dangers s’il n’est soutenu. Maintenant, il ne dit pas les infirmes, mais « les faiblesses des infirmes », afin d’exciter la compassion des fidèles. C’est ainsi qu’ailleurs il dit : « Vous qui êtes spirituels, fortifiez celui qui… » (Gal. 6,1) Vous êtes devenus forts ? Payez de retour le Dieu qui vous a rendus tels ; or, vous vous acquitterez envers lui, si vous aidez le malade à se relever. Nous aussi, nous étions faibles, mais la grâce nous a rendus forts. Et maintenant, cette conduite, il ne faut pas la tenir seulement quand il s’agit des faiblesses de la foi, mais encore quand il s’agit de toute autre faiblesse. Par exemple, un homme est sujet à la colère, ou il est porté à proférer des paroles violentes, il a quelque autre défaut, supportez-le. Mais comment ? écoutez la suite. Après avoir dit : « Nous devons supporter », il ajoute : « Et non pas chercher notre propre satisfaction. Que chacun de vous tâche de satisfaire son prochain dans ce qui est bon, et qui peut l’édifier (