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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/524

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Qui oserait les faire servir à autre chose ? Vous, vous êtes plus sacrés, bien plus sacrés que ces vases : pourquoi donc vous souiller, vous avilir ? Vous êtes dans les cieux, et vous injuriez ? Vous vivez avec les anges, et vous injuriez ? Vous avez été jugés dignes du baiser du Seigneur, et vous injuriez ? Dieu a donné à votre bouche une magnifique parure : des hymnes angéliques, une nourriture plus qu’angélique, le baiser de ses propres lèvres, ses propres embrassements, et vous injuriez ? Ne faites pas cela, je vous en conjure. C’est la source de grands maux, c’est un objet d’aversion pour une âme chrétienne.

Nos paroles ne vous persuadent pas, ne vous font pas rentrer en vous-mêmes ? Il faut donc vous effrayer : écoutez ce que dit le Christ : « Celui qui aura dit à son frère, fou, sera soumis à la géhenne du feu ». Si une simple étourderie a pour conséquence la géhenne, quel tourment n’encourra pas l’insolence ? Habituons notre bouche à la retenue : la retenue nous attire de grands bénéfices, l’emportement de grands dommages : et il n’est pas ici besoin de dépense. Fermons la porte, tirons le verrou ; soyons pénétrés de componction, si jamais une parole violente s’est échappée de nos lèvres ; prions Dieu, prions l’offensé ; ne croyons pas en cela nous abaisser : c’est nous que nous avons frappés, et non pas autrui. Comme remède, usons de la prière et de la réconciliation avec l’offensé. Si nous veillons ainsi sur nos paroles, à plus forte raison devrons-nous régler pareillement nos actions. Entendons-nous nos amis ou quelque autre personne médire du prochain, ou l’insulter, demandons-leur compte et raison de leurs paroles. En résumé convainquons-nous que c’est pécher : car il nous sera alors aisé de nous corriger. Puisse le Dieu veiller sur votre esprit, sur votre langue, et les protéger par l’inexpugnable rempart de sa crainte, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec qui gloire au Père et au Saint-Esprit.

HOMÉLIE XV.


QUE TOUTE AMERTUME, TOUTE COLÈRE, TOUT EMPORTEMENT, TOUTE CLAMEUR ET TOUTE DIFFAMATION SOIENT BANNIS DU MILIEU DE VOUS AVEC TOUTE MALICE. (IV, 31)

Analyse.

  • 1 et 2. Contre l’amertume. – Faiblesse des méchants. – Qu’il faut éviter les clameurs comme attisant la colère et pouvant l’allumer.
  • 3 et 4. Réprimandes sévères aux femmes qui maltraitaient leurs servantes : détails intéressants sur ce sujet. – Exhortation à la douceur.

1. Jamais les abeilles ne se résigneraient à entrer dans une ruche malpropre : aussi les éleveurs habiles ont-ils recours à des fumigations, à des odeurs, à des parfums, à des vins embaumés, pour purifier, pour nettoyer l’abri où doivent venir se fixer les essaims à leur sortie : autrement la mauvaise odeur les en chasserait : il en est de même pour l’Esprit-Saint. Notre âme est un vase, une ruche, susceptible de recevoir les essaims des grâces spirituelles : mais si elle renferme du fiel, de l’amertume, du ressentiment, les essaims s’envolent.