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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/53

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loi de Dieu gravée dans leurs cœurs. Tout ce que Dieu a voulu vous faire connaître, à vous et aux autres, tout cela est gravé dans vos cœurs. Nous vous avons préparés à recevoir les lettres de cet enseignement divin. Moïse grava la Loi sur des tables de pierre ; nous l’avons gravée dans vos âmes. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Nous en avons été les secrétaires. ». Jusque-là, point de différence : Les lois de Moïse avaient été écrites par Dieu lui-même ; celle-ci est écrite par l’Esprit-Saint. En quoi diffèrent-elles donc ? « Cette loi, ce n’est pas avec l’encre qu’elle a été écrite, mais par l’Esprit du Dieu vivant ; il l’a écrite non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair qui sont vos cœurs (3) ». Autant il y a de différence entre l’Esprit-Saint et l’encre, entre des tables de pierre et des tables de chair, autant il s’en trouve entre ces deux Lois elles-mêmes ; et par conséquent entre les ministres de celle-ci et les ministres de celle-là.
Il vient encore de parler de lui-même avec éloge, et aussitôt il se reprend en ces termes « Or nous avons confiance en Dieu par Jésus-Christ (4) ».C’est à. Dieu qu’il renvoie toute la gloire : Le Christ, dit-il, est l’auteur de tous ces dons. – « Nous ne pouvons avoir aucune bonne pensée par nous-mêmes, comme venant de nous-mêmes (5) ». C’est une nouvelle précaution que prend l’apôtre. Car il possède au plus haut degré la vertu d’humilité : Aussi dès qu’il a rappelé quelqu’une, de ses bonnes œuvres, il s’empresse de s’en ôter le mérite. C’est ce qu’il fait ici. « Nous ne pouvons avoir a aucune bonne pensée de nous-mêmes, comme venant de nous-mêmes ». Ce qu’il signifie, par ces mots : « Nous avons confiance » ; je n’ai pas voulu m’attribuer une, chose, et une autre à Dieu ; mais c’est à Dieu que j’attribue tout. « Toute notre puissance vient de Dieu qui a nous rendus capables d’être les ministres du Nouveau Testament (6) ». Que veulent dire ces paroles : « Qui nous a rendus capables ? » c’est-à-dire, qui nous a donné la force et l’aptitude nécessaire pour remplir cette mission. N’est-ce pas une grande mission que cette d’apporter au monde des tables de lois, des lettres bien supérieures à la loi et aux lettres anciennes ? Et c’est pourquoi l’apôtre ajoute. « Les ministres, non de la lettre, mais de l’Esprit ».
Voyez une autre, différence. Et quoi donc ? La Loi ancienne n’était-ce pas une Loi spirituelle ? l’apôtre ne dit-il pas : « Nous savons que la Loi est spirituelle ? » Oui, sans doute ; mais elle ne donnait pas l’Esprit-Saint. Ce n’est pas l’Esprit que Moïse apporta aux Hébreux, mais la lettre de la, Loi ; pour nous, Dieu nous a chargés de donner l’Esprit-Saint. L’apôtre insiste sur ce point, et il ajoute : « La lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». Ce n’est pas sans raison qu’il parle ainsi ; il songe à ceux qui mettent leur orgueil dans les observances judaïques. Cette lettre dont il parle, c’est la loi de Moïse ; qui châtie les pécheurs ; l’Esprit, c’est la grâce du baptême qui rappelle à la vie ceux que le péché a fait mourir. Après avoir établi cette différence dans la nature des deux lois, il ne s’en tient pas là ; il continue, et achève de la faire voir. Il compare les avantages et la facilité de l’une et de l’autre : c’est par là surtout qu’il s’emparera de ses auditeurs. La loi nouvelle, dit-il, n’offre aucune difficulté, et présente des avantages bien plus nombreux. Si en effet, quand il parle de Jésus-Christ, il rappelle plutôt ce qui est de nature à prouver sa miséricorde que ce qui montre notre propre mérite, bien que notre mérite se trouve joint à la miséricorde divine, à plus forte raison en agit-il ; de la sorte à propos de la Loi nouvelle. Que signifient donc ces paroles : « La lettre tue ? » Saint Paul avait parlé de tables de pierre et de cœurs de chair ; mais la différence entre les deux Testaments n’était pas encore assez sensible. C’est pourquoi il ajoute que l’une est écrite avec de l’encre, l’autre par l’Esprit-Saint. Ce n’était pas encore assez pour encourager les Corinthiens. Ce qu’il ajoute est de nature à leur donner des ailes « La lettre tue », dit-il, « mais l’Esprit vivifie ».
3. Que veut-il dire encore ? Sous la Loi, celui qui pèche, reçoit un châtiment ; dans le Nouveau – Testament, le pécheur s’avance, reçoit le baptême, et il est justifié ; une fois justifié, il vit : car il est soustrait à la mort du péché. La loi punit de mort celui qui est convaincu, d’homicide ; la grâce au contraire l’éclaire et le vivifie. Que dis-je ? un homicide ? Ne suffisait-il pas de ramasser un peu de bois le jour du sabbat pour être lapidé ? C’est pourquoi l’apôtre dit-: « La lettre tue ». Que d’homicides, que de voleurs la grâce n’a-t-elle pas accueillis ! une fois baptisés, ils ont été délivrés de leurs crimes. Ainsi donc : « l’Esprit vivifie ». La Loi surprend un homme dans le péché, elle le trouve vivant, elle lui donne la mort ; la grâce vient trouver le coupable ; il