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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/570

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qui font leur devoir, pour se lier avec ceux qui font votre tourment, qui sont exclus de la maison paternelle, qui ne songent qu’à jouer aux dés, et qu’il se conduisît ainsi jusqu’au bout, ne le déshériteriez-vous pas ? Vous le feriez sans nul doute. Eh bien ! nous aussi, si nous négligeons les anges agréables à Dieu et préposés à notre direction pour vivre avec le diable, nous ne pouvons manquer d’être déshérités.
Puisse-t-il ne nous arriver rien de pareil ! Puissions-nous, après avoir engagé la lutte avec lui et être demeurés vainqueurs avec l’assistance d’en haut, hériter du royaume des cieux. Si quelqu’un de vous a un ennemi, si on lui a fait tort, s’il est emporté, qu’il ramasse toute cette colère, tout ce mécontentement pour le déverser sur la tête du diable. Voilà un noble courroux, une colère utile, un louable ressentiment ! Si la rancune est un mal quand elle provient d’une cause mondaine, ici elle est un mérite. Si donc vous avez des défauts et que vous ne puissiez vous en débarrasser autrement qu’avec vos membres, il faut les faire servir à cet usage. On vous a frappé ? Gardez-en rancune au diable, et ne vous réconciliez jamais avec lui. Mais il ne vous a pas frappé ? N’importe : gardez-lui rancune, parce qu’il a offensé votre Maître, parce qu’il l’a outragé, parce qu’il persécute vos frères et leur fait la guerre… Soyez toujours plein de haine, d’amertume, de fiel : par là vous le rendrez humble, facile à braver, facile à vaincre. – Si nous nous déchaînons contre lui, il nous ménagera ; si nous sommes indulgents, il sera féroce : n’allons pas le traiter comme nous devons traiter nos frères. C’est un adversaire, un ennemi acharné de notre vie, de notre salut et du sien. S’il ne s’aime pas lui-même, comment nous aimerait-il ? Tenez-lui donc tête, et harcelons-le, avec l’assistance toute puissante de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui saura bien nous garantir de ses pièges et nous admettre au partage des biens futur, desquels puissions-nous tous être investis, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui gloire, puissance, honneur au Père et au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XXIII.

SOYEZ DONC FERMES, CEIGNANT VOS REINS DE LA VÉRITÉ. (VI, 14)

Analyse.

  • 1. De la ceinture de vérité.
  • 2 et 3. Réfutation de quelques erreurs manichéennes, marcionites, ariennes. – De la pâque, sous l’ancienne et la nouvelle Loi.

1. Quand Paul a ainsi rangé son armée et réveillé son zèle (car il fallait à la fois la mettre en bon ordre et l’enflammer de courroux), quand il l’a rassurée (ce qui n’était pas moins nécessaire), il s’occupe de l’armer. – C’eût été un soin superflu, si d’abord la discipline n’y avait régné, si l’âme du soldat n’avait été remplie d’une ardeur belliqueuse… Car il faut être armé intérieurement, avant de l’être au-dehors. S’il en est ainsi des soldats proprement dits, à plus forte raison doit-il en être de même des soldats spirituels : ou plutôt, les défenses extérieures sont inutiles à ceux-ci, l’armure intérieure leur suffit. Paul donc a réveillé,