Aller au contenu

Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prophète : « Qu’il soit pour lui comme un manteau dont il se revêt, comme une ceinture dont il est ceint perpétuellement ». (Psa. 108,19) Et le prophète dit de Dieu même qu’il porte une cuirasse de justice, nous avertissant par là que c’est toujours et non pour un moment que nous devons être munis de la sorte : toujours il faut combattre. Et un autre dit ailleurs : « Le juste est confiant comme un lion ». (Pro. 28,1) En effet, un homme ainsi cuirassé ne saurait avoir peur d’une armée ; il s’élance au milieu des ennemis. Isaïe dit aussi : « Beaux sont les pieds de ceux qui annoncent la paix ». (Isa. 52,7) Qui n’accourrait, qui ne s’empresserait de contribuer à cette œuvre, d’annoncer aux hommes la paix, la paix de Dieu, une paix qui ne coûte aux hommes aucune peine, qui est l’œuvre de Dieu seul ? Ce que c’est maintenant que la préparation de l’Évangile, Jean va nous l’apprendre : « Préparez la voie du Seigneur, rendez droits ses chemins ». Mais en disant cela, il a en vue le baptême : or, après le baptême il faut encore une autre préparation c’est à celle-là que l’apôtre songe en disant « Pour vous préparer à l’Évangile de paix » ; conseil indirect d’éviter tout ce qui nous rendrait indigne de la paix. Les pieds étant pris souvent comme image de la vie, il répète souvent, pour ce motif, dans ses exhortations « Songez à bien marcher », c’est-à-dire à vous bien conduire.

Sachons donc rendre notre vie digne de l’Évangile, et, durant toute notre existence, rester irréprochables dans notre conduite et nos actions. La paix a été annoncée, frayez la voie à cette bonne nouvelle ; car si vous redevenez ennemis, plus de préparation à la paix. Soyez prêts, ne différez pas le moment de la paix… Restez ce que vous êtes devenus : prêts à la paix et à la foi. La foi est un bouclier, qui arrête au passage les atteintes de l’ennemi, et préserve nos armes. Si donc la foi reste droite et la vie également, les armes demeurent intactes. En bien d’autres endroits, il revient sur ce sujet de la foi, mais principalement dans son épître aux Hébreux ; et aussi sur le sujet de l’espérance. Croyez, dit-il, aux biens futurs, et tout cela sera hors d’atteinte. Si dans les dangers, dans les épreuves, vous vous faites un rempart de l’espérance et de la foi, vos armes n’éprouveront aucun choc funeste. « Celui qui s’approche de Dieu doit croire qu’il est, et qu’il récompensera ceux qui le cherchent ». La foi est un bouclier qui abrite ceux qui croient avec simplicité ; si au contraire, on y mêle des raisonnements, des discussions, de vaines recherches, ce n’est plus un bouclier, mais un embarras. La foi doit être telle qu’elle nous couvre, qu’elle nous protège entièrement… Qu’elle ne soit donc pas courte de manière à laisser sans défense ou les pieds ou quelque autre partie : le bouclier doit avoir les dimensions du corps. « Enflammés ». Nombreuses sont les pensées qui consument notre âme, nombreux les doutes, nombreuses les hésitations : mais la foi, en réalité, apaise tout cela. Le diable nous décoche bien des traits propres à enflammer notre âme, et à la jeter dans le doute, comme lorsque quelques-uns demandent : Y a-t-il une résurrection ? y a-t-il un jugement ? y a-t-il une rétribution ? Mais si vous avez le bouclier de la foi, vous éteindrez les traits du diable. Une passion déréglée a pénétré en vous, le feu des mauvaises pensées vous consume entièrement ? Couvrez-vous de la croyance aux biens futurs ; et rien ne paraîtra, tout sera anéanti. « Tous les traits » : non pas une partie seulement. Écoutez ce que nous dit Paul : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sont pas proportionnées à la gloire qui doit être révélée en nous ». (Rom. 8,18)

Voyez-vous combien de traits ont éteints les justes d’autrefois ? Ou n’était-ce pas à vos yeux un trait enflammé que la douleur qui consuma le cœur du patriarche au moment d’offrir son fils… Et ce n’est pas le seul juste qui ait éteint tous les traits du diable. Si donc les mauvaises pensées nous font la guerre, couvrons-nous de ce bouclier ; armons-nous en contre les passions déréglées : dans la souffrance et la peine, servons-nous-en comme d’un appui. C’est un rempart pour notre armure toute entière : sans cela, elle serait bientôt percée. « En tout prenant le bouclier de la foi ». Qu’est-ce à dire, « En tout ? » c’est-à-dire, en vérité, en justice, en préparation de l’Évangile. En d’autres termes, toutes ces choses en ont besoin. C’est pourquoi il ajoute : « Prenez aussi le casque du salut » ; en d’autres termes, par là vous pourrez vivre désormais en sûreté, et échapper à tous les périls. De même que le casque qui enveloppe exactement la tête de tous côtés, la préserve de tout accident : de même la foi tient lieu de