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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 7, 1865.djvu/92

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HOMÉLIE XI


« MAIS JEAN VOYANT PLUSIEURS DES PHARISIENS ET DES SADDUCÉENS QUI VENAIENT A SON BAPTÊME, IL LEUR DIT : RACE DE VIPÈRES, QUI VOUS A AVERTIS DE FUIR DEVANT LA COLÈRE, QUI EST PRÊTE A TOMBER SUR VOUS ? » ETC. (CHAP. 3,7, JUSQU’AU verset 12)

ANALYSE.

  • 1. Pourquoi saint Jean-Baptiste s’indignait contre les pharisiens.
  • 2. Ne dites pas : Nous avons Abraham pour père.
  • 3. La crainte conduit à la pénitence.
  • 4. L’efficace de la grâce. – Gratiae τὸ ἀχάτεχτου.
  • 5. et 6. Prédication de saint Jean-Baptiste, effrayante et rassurante à la fois.
  • 7. et 8. Combien on doit craindre les supplices dont Dieu nous menace. – Comment il faut régler toute sa vie, et graver dans son cœur les vérités de l’Évangile.


1. Comment s’accordent ces paroles avec ce que Jésus-Christ dit que les Juifs n’avaient point cru saint Jean ? C’est parce que c’était ne pas croire saint Jean que de ne vouloir pas recevoir Jésus-Christ qu’il annonçait. C’est ainsi que bien qu’ils parussent écouter extérieurement Moïse et les prophètes, il les accuse néanmoins de ne pas leur obéir ; parce qu’ils ne voulaient pas croire en celui dont ils avaient prédit l’avènement : « Si vous croyiez à Moïse », leur dit-il, « vous croiriez aussi en moi. » (Jn. 5,46) Et lorsqu’il leur demandait d’où était le baptême de Jean ils disaient entre eux : « Si nous disons qu’il est de la terre, nous craignons le peuple : et si nous disons qu’il est du ciel, il nous dira ; pourquoi ne l’avez-vous donc pas cru ? » (Mt. 21,26) D’où nous pouvons conclure qu’ils vinrent bien écouter Jean et qu’ils reçurent son baptême, mais qu’ils, ne crurent point à ses prédications. L’Évangéliste saint Jean montre encore clairement quelle était leur malignité, lorsqu’ils députèrent vers le saint précurseur pour lui demander s’il était Élie, ou s’il était le Christ : et c’est pour ce sujet qu’il marque, que « ceux qui lui avaient été envoyés étaient des pharisiens. » (Jn. 1,24)
Mais le peuple, me dites-vous, ne croyait-il pas que saint Jean était le Messie ? Il est vrai, il le croyait ; parce qu’il l’écoutait dans une grande simplicité de cœur et d’esprit. Mais les pharisiens au contraire, en feignant d’avoir de lui cette opinion, voulaient lui dresser un piège pour le surprendre. Comme ils savaient certainement que le Christ devait venir de la ville du roi David, et qu’il était constant d’ailleurs que saint Jean venait de la tribu de Lévi, ils lui firent cette demande avec le dessein artificieux de tirer de lui quelque réponse compromettante dont ils se serviraient pour l’accuser. La suite de leurs demandes fait assez voir qu’ils avaient cette pensée. Car Jean ne leur confessant rien de ce qu’ils s’étaient imaginé, ils trouvent aussitôt un autre sujet de l’accuser, lorsqu’ils lui disent : « Pourquoi donc baptisez-vous, si vous n’êtes ni le Christ, ni Élie, ni prophète ? » (Jean 1,25) L’Évangéliste nous fait encore assez voir que le peuple et les pharisiens venaient trouver saint Jean dans une disposition bien différente, lorsqu’il marque que le peuple venait à lui pour être baptisé en s’accusant de ses péchés, et qu’il ne dit rien de semblable touchant les pharisiens. Jean dit-il, voyant que beaucoup de scribes et de pharisiens venaient à son baptême, leur dit : « Race de vipères, qui vous a avertis de fuir devant la colère, qui est prête à tomber sur vous ? » O courage prodigieux ! ô fermeté admirable ! Avec quelle liberté parle ce saint à des hommes altérés du sang de tous les prophètes, et qui avaient dans le cœur le venin des serpents les plus dangereux ? Avec quelle constance et quelle