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INTRODUCTION

Ce Dictionnaire Liégeois, dont les douze fascicules ont paru en trois ans. forme la deuxième partie d’une étude sur le Dialecte wallon de Liège. La première partie, publiée en 1927, groupe les mots d’après leur finale : c’est un Dictionnaire des Rimes, qui contient, avec la notation exacte des syllabes toniques, un inventaire assez complet, mais forcé­ment concis, des richesses verbales du parler de Liège[1]. Une troi­sième partie — en préparation — doit comprendre le Dictionnaire Français-Liégeois : ce sera le dernier volet du triptyque.

En rédigeant le Dictionnaire Liégeois, j’ai tâché d’écrire un ouvrage à la fois pratique et scientifique, qui ne fût pas seulement un lexique dialectal, mais une petite encyclopédie, une « somme » de la vie liégeoise, expliquant en détail les choses désignées par les mots : coutumes su­rannées, types locaux, métiers et instruments, ustensiles, mesures et jouets, gestes et rites, en un mot tout ce qui caractérise le milieu liégeois, tout ce que le modernisme nivelle et altère de jour en jour. Un vocabu­laire est un témoin précieux du passé et du présent d’un peuple ; il exprime une conception de la vie, une mentalité, des habitudes parti­culières. Tout ce qui présente de l’intérêt à ce point de vue, je l’ai recueilli minutieusement : bouts de phrases saisis dans la conversation, proverbes, enfantines et devinettes, jeux de mots, plaisanteries et même injures stéréotypées. Le lecteur y trouvera sans peine la matière d’une étude curieuse sur le tour d’esprit des gens de chez nous, optimiste et bon enfant, positif et sentencieux, narquois et frondeur, sarcastique et nullement bégueule.

Voici plus de quarante ans que j’étudie nos dialectes. J’ai appris le wallon dès l’enfance et l’ai toujours pratiqué. Le premier mémoire que j’ai publié date de 1892 : essai de débutant qui avait tout de même le mérite d’apporter des renseignements inédits, puisés à la source orale[2].

  1. « Ce livre, utile aux versificateurs du terroir, rendra plus de services encore aux linguistes » (W. von Wartburg, c. r. dans Zeitschrift für Rom. Phil., t. 49, p. 735). — « Les dictionnaires de ce genre sont pour les philologues d’une grande utilité, en particulier pour l’étude de la phonétique des fins de mots et de la déri­vation ; et il serait très souhaitable d’en posséder un grand nombre » (M. Roques, c. r. dans Romania, t. 53, p. 600).
  2. Les parlers du Nord et du Sud-Est de la province de Liège (en collaboration avec Georges Doutrepont). in-8o ; 54 pages et 2 cartes, dans Mélanges wallons, 1892.