Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/186

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harmonieux, et nous a dit : « Voilà votre éloquence ! »


La vertu ne peut nous obtenir le bonheur, mais seulement nous en rendre moins indignes ; parce que l’existence nous donne déja, comme aux animaux privés du sens moral, un droit à la joie ; parce que la vertu et la joie sont des grandeurs incommensurables, et que l’on ne sait pas si un siècle de bonheur est mérité par dix années de vertu, ou s’il arrive le contraire ; parce que les années de la joie précèdent celles de la vertu ; de sorte que l’homme vertueux devrait d’abord mériter le passé au lieu de l’avenir, et la terre au lieu du ciel.


Compatir aux maux d’autrui n’est qu’une vertu humaine, mais prendre part à la joie d’un autre appartient à un ange ; et il est même aussi divin, et peut-être plus divin encore, de