Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/190

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épurant. Le fleuve de la vie devient d’une blancheur éblouissante lorsqu’il se brise contre des rochers. Il est une hauteur de pensée où les idées vulgaires ne peuvent plus nous atteindre, de même que lorsqu’on se trouve sur une des sommités des Alpes, les pics des montagnes semblent se rapprocher sans qu’on aperçoive les parties inférieures qui les réunissent.


Si vous êtes bons, ô hommes ! comment pouvez-vous même un senl moment vous affliger les uns les autres ? Ah ! dans le sombre hiver de cette vie, parmi ce chaos d’êtres inconnus que leur sublimité ou leur profondeur éloigne de nous, dans ce monde obscur, au milieu de ces ténèbres flottantes qui environnent cette terre fragile, comment est-il possible que l’homme ainsi isolé n’embrasse pas avec amour le seul être dont le cœur palpite comme le sien, et auquel il puisse dire : « Mon frère, tu es semblable à moi, tu souffres