Page:Jean Paul - Pensées, 1829.djvu/92

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La danse est pour le monde féminin, comme le jeu pour le grand monde, une agréable diversion à des conversations souvent languissantes et quelquefois dangereuses. La danse mêle les hommes comme les cartes ; l’atmosphère musicale les enveloppe, et sotumet aux lois de l’harmonie la foule ivre de plaisir. Tant de personnes réunies dans un but si joyeux, éblouies de l’éclat des lumières, exaltées par l’émotion de leurs cœurs palpitants, devaient boire à la coupe de la joie que Gustave épuisa ce soir, car le tumulte extérieur faisait une telle impression sur son ame, que la musique semblait s’en etre emparée tout entière, et, y concentrant toute son intensité, ne plus faire que retentir au-dehors. En vérité, quand on repose ses idées sur des lustres étincelants, elles se réfléchissent sous un autre jour que lorsqu’on les attache sur une lampe économique. Dans les régions de l’imagination, comme dans les pays chauds ou sur les hautes montagnes, tous les extrêmes semblent se toucher.