Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/21

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réserve la sagesse et l’élévation de ses conseils sur l’éducation religieuse. Ce n’est point par la démonstration, c’est par le sentiment, par l’exemple du respect des choses saintes, par la contemplation des symboles de l’infini, que se transmet la religion. Ainsi Jean-Paul proscrit cette phraséologie religieuse qui aboutit à un vain formalisme, s’attachant à la lettre qui tue et négligeant l’esprit qui vivifie. Pour lui, « la religion c’est l’homme dans l’homme, chaque vie est un temple mobile de l’infini ». Il ne veut pas que le Dieu de l’enfance soit créé par la crainte. C’est par l’amour dont il voit en sa mère la plus touchante personnification, qu’il s’élève graduellement jusqu’à la conception d’un amour plus parfait que toutes les affections humaines, et qui inspire toutes les nobles actions accomplies par l’amour.

Dans l’éducation morale, Jean-Paul, fidèle à son idée des deux antithèses, indique d’une part les vertus qui constituent la force et la grandeur morale, de l’autre, celles qui ont pour principe l’amour et qu’il appelle la beauté morale. Selon lui, les premières ont plutôt pour objet le moi, les autres se rapportent plus au non-moi. Nous avons déjà dit notre pensée sur cette distinction, qui, dans l’esprit de Jean-Paul lui-même, n’a rien d’absolu, puisque, après l’avoir établie, il convient que « la vraie force morale produit l’amour, ainsi que l’arbre le plus vigoureux produit le fruit excellent ». Ce qui paraît indiquer une opposition, c’est que la force semble dominer à certains âges,