Page:Jean Paul - Sur l’éducation, 1886, trad. Favre.djvu/34

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lement tous les muscles », et la musique qui est « la mesure de ce mouvement poétique, une danse invisible, comme la danse est une musique muolto ». Nous n’avons pas à parler ici de la puissante influence de la musique pour concilier les éléments opposés du caractère, et pour ouvrir l'âme à tous les sentiments affectueux, à toutes les nobles passions.

Tout ce qui entrave l’activité altéra la gaieté ; aussi le grand art de l’éducation est-il « de ne pas trop gouverner ». Il y a des éducateurs très bien intentionnés qui se figurant que ce serait se désintéresser de leur œuvre que de ne pas faire sentir on toute occasion leur autorité, et d’observer quelquefois en silence l’activité des enfants sans l’aider par leur intervention. Aussi les enfants timides n'osent-ils faire un pas sans interroger le regard du maître qui prétend diriger tous leurs mouvements, et, de pour de contrevenir à quelque règlement, ils suspendent leur action. Les enfants vifs, au contraire, supportent avec impatience les restrictions que leur activité rencontre de tous côtés, dans la multiplicité des ordres et des défenses ; et la force qui est comprimée au dehors se porte au-dedans et produit l’irritation, le mécontentement et la révolte Jean-Paul conseille donc au maître de défendre le moins possible, « de ne pas commander là où nul motif supérieur ne le lui commande à lui-même » ; et, quand l’ordre est nécessaire, de le donner sans détour, avec précision et avec fermeté, comme une règle immuable et inflexible. Ce qu’il dit