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une mission internationale dans la lune

— Oui, oui… j’entends bien… Mais on n’a prévu de place que pour dix passagers, et il faudrait vous réserver un logement particulier.

— Bah ! à la guerre comme à la guerre, je coucherai dans le magasin aux vivres.

— Ma foi… cela n’est peut-être pas impossible. Je vais en parler à Scherrebek.

— Faites-lui remarquer, dit Madeleine, que ma compagnie apporterait quelque gaîté dans un cercle austère de dix hommes.

— Certes, repartit Dessoye en riant, et cet argument a encore plus de force quand il s’agit d’une Française.

Une heure plus tard, les membres de la mission, y compris Dessoye, qui devait renoncer à partir, se réunissaient en conseil dans le carré du commandant, pour examiner la question. Le remplacement de Dessoye par Brifaut fut admis sans difficulté. L’admission de Mme Brifaut fut par contre assez discutée. Certains membres, surtout l’Américain et le Japonais, soulevaient des objections. Mais Dessoye, soutenu par Scherrebek, plaida la cause de Madeleine avec tant de chaleur qu’il emporta à la fin l’assentiment unanime de ses camarades.

Quand, ce soir-là, au dîner, le commandant Murray annonça officiellement que Madeleine Brifaut se joindrait à l’expédition, les convives firent une ovation à la vaillante Française.

Madeleine se sentait fière, heureuse ; elle n’avait plus peur de rien. Tel est le caractère de notre race, qui tremble parfois devant le danger quand il est loin et l’affronte le sourire aux lèvres quand il approche.